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Just The Same, Gentle Giant

Je vous avais très récemment fait part de mon émerveillement en face d’une chanson, la deuxième du septième album de Gentle Giant, Free Hand*. C’est avec la chanson qui ouvre l’album, “Just The Same”, que je vais poursuivre, aujourd’hui.

On est, à l’évidence, dans un territoire rock. Gentle Giant, qui venait de terminer une tournée américaine en compagnie de leurs amis de Jethro Tull, avaient été convaincus de signer chez Chrysalis Records, la compagnie de Chris Blackwell, et d’échapper ainsi à la très mauvaise expérience qu’ils connaissaient chez WWA.

C’est ainsi que Free Hand, sans doute l’un des 3 meilleurs albums de Gentle Giant, est également l’un des plus accessibles pour le public américain, ce qui en fit leur plus grand succès commercial**.

Du rock, donc, avec ces claquements de doigts (West Side Story ?), et l’entrée successive du piano, de la guitare, puis des frères Shulman, voix, saxophone alto et basse monumentale***en avant. Du rock comme tout le monde, alors ? Non. Les musicologues avertis (ce que je ne suis pas) m’ont signalé que la métrique de “Just The Same” était assez particulière ; en effet, pendant les couplets, la basse et la batterie jouent en 6/4, pendant que le piano, la voix et la guitare jouent en 7/4. Et, bien sûr, tout le monde retombe sur ses pieds !

Mais rien n’est banal dans ce morceau, avec ce passage lent, dominé par la guitare et les claviers, la reprise sur un tempo rapide, le tout se concluant par une incroyable rupture rythmique marquée par des claquements de mains, quelques mesures avant que ça se termine avec les mêmes claquements de doigts qu’au début.

Et bravement, méprisant superbement la difficulté de l’entreprise, Gentle Giant n’a jamais hésité à inscrire “Just The Same” à son répertoire de scène, lors du second semestre 1975, comme vous pourrez le vérifier, en vous procurant les enregistrements publics existants****. Je viens même de trouver un slogan publicitaire pour Gentle Giant ─ qu’ils me pardonnent, car ils n’ont rien à voir avec un quelconque produit qu’il faudrait vendre ─ : « Gentle Giant, le seul groupe prog qui ne possède aucune date de péremption ! ». Je préfère dire, Gentle Giant, immarcescibles.

*Voir ma chronique de “On Reflection”.

**N’exagérons rien ! Free Hand a navigué pendant quelques semaines autour de la 50ème place du Billboard américain.

***J’ai déjà écrit (“In A Glass House”) que Ray Shulman était l’un des plus grands bassistes anglais des 70’s ; quasiment l’égal de John Entwisle. Mais vous le chercherez en vain dans les nombreuses listes de “meilleurs bassistes de tous les temps” qui pullulent sur Internet. Le monde va ainsi ; il faut vous y faire.

****Comme vous le savez, je vous conseille particulièrement le double-cd Totally Out Of The Woods-The BBC Sessions, avec une version de septembre 1975.

 

 

 

 

OldClaude

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