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Last Goodbye, Jeff Buckley

Dans une de mes chroniques de la semaine dernière*, je vous faisais l’aveu que je n’écoutais jamais Jeff Buckley, et je vous en donnais brièvement la raison. Cependant, je manquerais à la mission que je me suis donnée, si, par une sorte d’égoïsme protecteur, je passais sous silence l’un des artistes les plus considérables  que la musique populaire ait connue. Et tant pis si quelques larmes doivent couler sur le clavier de mon ordinateur, tandis que passe en boucle ce “Last Goodbye”, ou plutôt les sept versions de “Last Goodbye” que renferme ma discothèque.

La version la plus ancienne que je connaisse est celle de l’Upsala College d’octobre 1992, même s’il semble exister une version plus ancienne datant de 1990, que je n’ai jamais entendue. À l’époque, “Last Goodbye” s’appelait “Unforgiven”, et cette version de l’Upsala College n’intéressera que les maniaques de Buckley ; c’est, en effet, une ébauche ; Jeff est seul avec sa guitare, et les paroles sont embryonnaires.

La seconde version d'”Unforgiven” est celle qui figure sur la “Legacy Edition” du “Live At Sin-é” enregistré pendant l’été 1993. Il s’agit encore d’une ébauche de ce qui deviendra “Last Goodbye”, et Jeff y est également seul avec sa Telecaster, mais la chanson est beaucoup plus développée, très proche de ce que sera sa forme définitive ; il n’y manque plus que les autres musiciens.

Et puis, on arrive à “Grace”, l’unique album de Jeff, qu’il produit avec Andy Wallace. Jeff est entouré d’un groupe, Mick Grondahl à la basse, Matt Johnson à la batterie, et Michael Tighe à la guitare ; d’excellents musiciens qui l’accompagneront sur toutes les scènes du monde, jusqu’à la fin. Les arrangements de cordes de “Last Goodbye” sont signés par Karl Berger. C’est, bien sûr, la version de référence, et si vous ne devez en posséder** qu’une, c’est celle-là.

Il y a ensuite trois enregistrements publics, le premier, de mars 1995, à Londres. Jeff est à la tête d’un groupe très compétent, et peut donner la mesure de son talent, se permettant des modulations vocales parfois acrobatiques***.

Ensuite, on trouve une version de “Last Goodbye” tirée d’un concert donné dans une radio américaine, en mai 1995 ; l’enregistrement n’est pas d’excellente qualité, et les instruments sont desservis****.

Et enfin, un enregistrement qui m’est particulièrement cher*****, puisqu’il s’agit de la prestation à l’Olympia de Paris que j’ai évoquée précédemment*.

Je crois que tout le monde a compris que lorsqu’on me demande quel est le plus grand chanteur de toute l’histoire du rock, je réponds sans hésiter : Jeff Buckley.

__________________________________________________________________

*Voir “Hallelujah”.

**Voilà un verbe qui trahit bien son utilisateur ! Il est clair qu’aujourd’hui, il devient inutile de posséder une quelconque œuvre artistique, il suffit de l’utiliser, d’être abonné à une plateforme de “streaming”. Ce n’est pas mon cas ; je suis un homme du XXème siècle, fâché avec certains aspects de la modernité ; mon compte est bon !

***sur le coffret “Grace Around The World

****sur le cd “It’s Not Too Late”

*****sur “Mistery White Boy”

OldClaude

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OldClaude

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