Categories: Années 2000Chronique

Mullholland Drive, Angelo Badalamenti

Depuis que j’ai commencé ce blog, c’est la deuxième fois que je m’intéresse à une musique de film*.

Mais voilà ! Il s’agit de Mullholland Drive de David Lynch, l’un des 3 films que je mets par-dessus tout, depuis que j’ai l’âge d’aller au cinéma.**

Au-delà de la splendeur formelle du film, de son intelligence, et je pourrais parler de tout ça pendant des heures***, il y a aussi l’une des plus belles bandes sonores jamais entendues au cinéma.

Essentiellement composée par Angelo Badalamenti (avec l’appoint de David Lynch lui-même) cette partition trouve peut-être sa plus belle expression dans la scène, au début du film, pendant le générique, qui montre une limousine noire serpenter lentement sur ce Mulholland Dr. qui grimpe les collines qui surplombent Los Angeles.

Le synthétiseur de Badalamenti emprunte les codes d’un orchestre de cordes, dominé par les violoncelles et les contrebasses, pour nous plonger dans cette musique qui refuse l’effet facile de soulignement de l’image pour adopter le rythme même de cette limousine, cette reptation sensuelle et inquiétante ; on ne sait si c’est la voiture qui danse avec la musique, ou si c’est cette dernière qui danse avec la voiture dans laquelle on découvre le beau visage tendu de Laura Elena Harring, mais, en tout cas, cela implique de poser cette musique comme un acteur à part entière du drame qui va se jouer, et ce postulat va se vérifier pendant l’intégralité du film. Voyez et revoyez Mulholland Drive dont on sait déjà qu’il est l’un des plus beaux films du XXIème siècle.

_______________________________________________________________

*voir ma chronique de “Camille”

**depuis “Bambi” de Walt Disney, comme me le rappelait mon ami Jean Walker, rédacteur en chef de l’excellent magazine Côté Cinéma.

***dans mon enthousiasme, j’avais envoyé, en décembre 2001, un petit article au magazine “Les Inrockuptibles” (qui ne l’a jamais publié), lequel portait comme titre : “Comment briller dans les dîners en expliquant Mulholland Drive à ceux qui l’ont vu et qui n’ont rien compris”. Si certains abonnés à ce blog manifestent un intérêt pour celui-ci, qu’ils me le fassent savoir dans la partie réservée aux commentaires de cet article, je leur ferai parvenir.

OldClaude

View Comments

  • Me voici moi-même, Michelle Menasce (nom d'enfant : Mimi, pas toujours mal employé par certains et une seule certaine), désire prendre connaissance de l'impossible, c'est-à-dire du décryptage du rêve d'un artiste, dont, tant qu'à faire, je me suis mieux allongée sur son "Blue Velvet".
    M.

Recent Posts

Ça m’a fait plaisir, Ramon Pipin

Il y a les chansons d’amour. Il y a les chansons de désamour. Et puis,…

4 ans ago

Dirty Boy, Cardiacs

Lorsque j’ai décidé de clôturer ce blog, je ne connaissais pas ce groupe anglais de…

4 ans ago

Candleland, Ian McCulloch

Cette chanson, écrite par Ian McCulloch, figure sur l'album du même nom, qui est le…

5 ans ago

Arlington, The Wailin’ Jennys

Je viens de relire ma précédente chronique à propos de ce 40 Days, premier album…

5 ans ago

London Calling, The Clash

Quelle sublime pochette ! Cette photo de Paul Simonon détruisant sa Precision Bass sur la…

5 ans ago

Mouth Of Flames, Great Lake Swimmers

Great Lake Swimmers fait partie des groupes dont j’ai scrupuleusement suivi la carrière, étape par…

5 ans ago