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Hurt, Johnny Cash

Et voilà le diamant noir ! La semaine dernière, deux de mes chroniques étaient consacrées à l’un des disques de la série American Recordings*. Je poursuis  avec “Hurt” dont j’ai déjà parlé il y a quelques semaines, dans la version de Nine Inch Nails, chantée par son créateur, Trent Reznor.

Je ne saurais dire laquelle des deux versions est la “meilleure” ; cette question n’a pas de sens ; les deux hommes l’abordent par des faces différentes, et se retrouvent réunis au sommet.

On retrouve aux guitares acoustiques Mike Campbell, membre des Heartbreakers de Tom Petty, ainsi que Smokey Hormel, et Benmont Tench, également collaborateur de Petty, aux claviers (piano, orgue, mellotron) dont le rôle est ici, considérable.

Les paroles des deux versions sont identiques, mis à part que Cash a remplacé l’expression “crown of shit” par la plus convenable “crown of thorns”.

Il faut, pour cette chanson, lire et comprendre les paroles car elles décrivent avec une précision glaçante le quotidien du junkie, et personne n’est étonné de la facilité avec laquelle Johnny Cash s’est glissé dans ces paroles.

Il faut également regarder le magnifique clip vidéo, qui a gagné le titre idiot de “clip vidéo le plus triste du monde”. On y aperçoit June, la femme de Johnny, qui mourra trois mois plus tard.

La chanson est introduite par les guitares, mais c’est tout de suite la voix de Cash, et les mots qu’il énonce, qui nous happent dans cette douleur qu’il réussit à nous faire partager. Et Benmont Tench sonne littéralement le glas avec son piano, qu’il martèle à la limite du soutenable. On croyait que la violence ne se matérialisait, dans la musique, qu’en compagnie des guitares électriques du “death metal”. En fait je n’ai jamais rien entendu de plus violent que ce piano, qui sonne pour annoncer le Jugement Dernier.

Aucun pathos dans la voix de Cash, aucune révolte, aucune colère, mais la résignation de celui qui se sait arrivé au bout du chemin, qui sait qu’il est responsable de la dureté de celui-ci, et qui exprime quand même le regret d’avoir fait un si mauvais choix.

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*voir “Streets Of Laredo” et “Personal Jesus”.

OldClaude

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OldClaude

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