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L’Amour, Odeurs

On ne trouvera pas beaucoup de chansons chantées en français, dans ce blog. Je reviendrais peut-être un jour sur les raisons qui motivent ma réticence à me pencher sur des œuvres pourtant très estimables, qui ont pour seule particularité d’être écrites dans notre langue.
Il y aura pourtant quelques rares exceptions, et parmi celles-ci, le travail de Ramon Pipin, d’abord dans “Au Bonheur Des Dames”, puis dans le groupe “Odeurs” dont il était le leader de 1979 à 1983.

Il se trouve que j’ai été sensible à la démarche créatrice de cet ensemble, que j’ai eu le plaisir de voir sur scène, à plusieurs reprises, dans la mesure où il n’a jamais varié dans son ambition d’adapter à notre sensibilité hexagonale une intéressante chimère artistique amalgamant la musique qui s’entendait dans le monde, à cette époque-là, un baroquisme de mise en scène, hérité en particulier des Tubes, mais également d’autres univers visuels, et l’introduction, parfois un peu forcée, d’un humour potache ou “gaulois”, comme on voudra, dans les textes, les notes de pochettes, etc.

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La chanson dont il est question, est parue dans le 3ème album du groupe, “De L’Amour”, enregistré avec une pléthore de collaborateurs, dont certaines individualités, plutôt marquantes, lesquels contribuaient à faire toute la qualité des légendaires spectacles du groupe. La musique en est, bien sûr, de Ramon Pipin ; quant aux paroles, elles sont l’œuvre de Rita Brantalou, l’une de ces personnalités marquantes qui firent les beaux jours d’Odeurs.

“L’Amour” est une chanson touchante et de grande qualité, mêlant avec bonheur une mélodie bien troussée et aisément mémorisable, une orchestration typiquement “early eighties”, un peu robotique, qui lui confère un rythme heurté qui garde encore son charme, et des paroles d’une naïveté exacerbée et, bien évidemment, voulue, mais qui poussent bravement jusqu’à leur terme la métaphore de l’amour comme un voyage difficile et dangereux, certes, mais dont on ne peut s’exclure.

Tout cela a un peu vieilli, faute à une production légèrement en dessous des standards internationaux, mais cette chanson (et quelques autres) fait partie d’un héritage dont Ramon Pipin peut légitimement être fier.

OldClaude

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  • Une erreur que je rectifie : Odeurs a duré jusqu'en 86 et non 83. J'en ai été effectivement l'animateur, le souffle vital, entouré de mes fidèles amis : l'âme fondatrice Costric 1er, le génial et polyvalent Rita Brantalou, le casse-couilles surdoué Nono, le sculptural Sharon et la précieuse Clarabelle et tous les musiciens qui m'entouraient que je n'oublie pas.
    Après le succès de "No Sex", 100000 albums vendus, nous avions décidé de nous recentrer : un sujet unique et un son personnel. Ce fut "De l'amour". Avec Jean-Philippe Goude, nous cherchions un son. Nous adoptâmes le principe de parler d'amour mais dans la plus parfaite froideur musicale. Grâce à Amaury Blanchard et Gérard Prévost, nous avions tenu cependant à conserver une rythmique humaine, d'autant que les machines de cette époque (1981) étaient balbutiantes. On notera bien sûr l'utilisation des synthés (Minimoog et Emu) et de quelques beatboxes, en particulier dans "Faut être deux pour faire un enfant" au traitement assez radical, où Richard Pinhas de Heldon nous gratifie de ses inspirations frippiennes.
    Cette chanson, "L'amour", ramassis de platitudes chantées avec le plus grand sérieux par votre serviteur repose sur un ostinato de synthé (Emu sans doute) et on notera également que dans cet album, nous avions proscrit les guitares saturées au profit d'une "ligne claire". Certes, tout ça a vieilli quelque peu, surtout dans le mix et l'utilisation des reverbs, mais témoigne d'un jusqu'au boutisme dont je m'honore aujourd'hui. Et cet album recèle une chanson que j'affectionne particulièrement et que nous jouons encore aujourd'hui sur scène, ma première collaboration avec Yves Hirschfeld qui a si bien su retranscrire la montée de la phase en plateau : "Que c'est bon" dont la musique a été co-écrite avec Goude.

    • Merci pour ces précisions, cher Ramon. Et je suis très heureux de constater que tu continues ton oeuvre salutaire avec la parution récente d'un album très réussi, "Comment éclairer votre intérieur", dont je compte bien, un jour prochain, chroniquer un des titres.

  • Les platitudes de "l'Amour" de Odeurs sont la meilleure preuve de l'âme naïve et gentille du Grand Ramon, qui, surpris lui-même de cette fraîcheur juvénile qui l'habite, les cache sous des dehors railleurs et une bonne dose d'humour.
    Mais nous, tes fans, ne sommes pas dupes Ramon, nous savons (et pas seulement de Marseille comme disait Desproges) que tu es un gentil surpris de l'être et tu nous fais bien rigoler. Sois en ici bien remercié.

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OldClaude

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