Categories: Années 2010Chronique

Tonya Harding (in E bémol majeur), Sufjan Stevens

On comprend un peu ce qui a poussé Sufjan Stevens à s’intéresser au destin singulier de Tonya Harding, grande championne américaine de patinage artistique, la première à réussir un triple axel en compétition, et dont le petit ami de l’époque, Jeff Gillooly avait payé un malfrat pour blesser aux jambes la grande rivale de Tonya, Nancy Kerrigan. Harding fut exclue à vie de la Fédération de Patinage Artistique pour n’avoir pas dénoncé les sombres projets de Gillooly, et Kerrigan obtint, par la suite, une médaille d’argent aux Jeux Olympiques.

Il existe deux versions de la chanson qui diffèrent par leur tonalité ─ la version la plus courante, la plus orchestrée, est en Ré majeur, et la version en Mi bémol majeur est plus intimiste ─ et l’on pourra préférer l’une à l’autre, elles sont toutes les deux très réussies. Sufjan souhaitait que sa chanson soit choisie pour être intégrée à la biographie filmée de Tonya Harding, mais ce ne fut pas le cas. Sufjan nous avoue qu’il a beaucoup travaillé, et depuis longtemps, à l’écriture de cette chanson, alors que ce que nous entendons est une mélodie d’une évidence et d’une facilité limpides, un peu comme les arabesques que Harding dessinait sur la glace. Ce n’est pas la première fois que Sufjan s’intéresse (et, sans doute, s’identifie) à une personnalité trouble (voire criminelle) de l’histoire américaine*, mais il le fait toujours avec une délicatesse et une empathie qui forcent mon admiration.

*Voir ma chronique “John Wayne Gacy, Jr”.

OldClaude

View Comments

  • Merci
    Le film de Craig Gillespie de 2017 dépeint un portait de sa mère au vitriol .
    Ou son univers( très "gilet jaune "monoparentale , rapport
    de force ( violence verbale de la mère) patinage à 3ans , mère serveuse et fumeuse ..et très impliquée dans le succès de sa "fille"

    Au regard de cette histoire , je comprends très bien que "ufjan souhaitait que sa chanson soit choisie pour être intégrée à la biographie filmée de Tonya Harding, mais ce ne fut pas le cas. Sufjan nous avoue qu’il a beaucoup travaillé, et depuis longtemps, à l’écriture de cette chanson, alors que ce que nous entendons est une mélodie d’une évidence et d’une facilité limpides, un peu comme les arabesques que Harding dessinait sur la glace.

    En tout cas merci

Share
Published by
OldClaude

Recent Posts

Ça m’a fait plaisir, Ramon Pipin

Il y a les chansons d’amour. Il y a les chansons de désamour. Et puis,…

3 ans ago

Dirty Boy, Cardiacs

Lorsque j’ai décidé de clôturer ce blog, je ne connaissais pas ce groupe anglais de…

3 ans ago

Candleland, Ian McCulloch

Cette chanson, écrite par Ian McCulloch, figure sur l'album du même nom, qui est le…

4 ans ago

Arlington, The Wailin’ Jennys

Je viens de relire ma précédente chronique à propos de ce 40 Days, premier album…

4 ans ago

London Calling, The Clash

Quelle sublime pochette ! Cette photo de Paul Simonon détruisant sa Precision Bass sur la…

4 ans ago

Mouth Of Flames, Great Lake Swimmers

Great Lake Swimmers fait partie des groupes dont j’ai scrupuleusement suivi la carrière, étape par…

4 ans ago