Tout le monde s’accorde à dire que l’album des Stones sorti le 8 décembre 1967, Their Satanic Majesties Request est nul, raté, inaudible, tout ce que vous voulez. M’inscrivant, comme d’habitude, à contre-courant des opinions tranchées, toutes faites et globalisantes, je vais vous dire ce que j’en pense : d’abord, la pochette est magnifique (rires dans l’assistance) ; je parle de la pochette originale, en 3 dimensions. Ensuite, il faut voir dans quel contexte les Stones ont travaillé sur l’album. Il ne faut pas oublier que l’enregistrement a eu lieu à Londres, aux studios Olympic, en mai et juin. Or à cette époque Mick, Keith, et surtout Brian étaient carrément persécutés par la police après l’affaire de Redlands, dont je vous ai déjà parlé. Et puis, il y avait eu le fameux voyage en voiture de Londres à Tanger, pendant lequel Brian était tombé malade. Mick, Keith et Anita avaient continué sans lui, et Keith en avait profité pour piquer Anita à Brian, lequel ne s’en était jamais remis. Pour couronner le tout, Andrew Loog Oldham avait jeté l’éponge, confiant les Stones aux bons soins d’Allen Klein. Les Stones avaient donc produit eux-mêmes TSMR. Heureusement que Glyn Johns était à la console !

L’album ? “Sing This All Together” et “Citadel” sont loin d’être désagréables ; “In Another Land” ? S’il-te-plaît, Bill, retourne jouer de la basse ! “2000 Man” est un titre que j’aime beaucoup ; “Sing This All Together (See What Happens)” est, en effet, archi-nul ; “The Lantern” est médiocre, ainsi que “Gomper”; “2000 Light Years From Home” retrouve la qualité des 2 titres inauguraux et enfin, il vaut mieux oublier “On With The Show”. Et bien sûr, “She’s A Rainbow” est un chef-d’œuvre ! Bilan : l’une des meilleures chansons des Stones, plus quatre titres de qualité. Ils auraient dû publier un EP.

“She’s A Rainbow” est une merveille, même s’il faut piteusement ajouter que ce n’est pas complètement grâce aux Rolling Stones. En effet, il y a deux éléments proprement remarquables dans cette chanson : le piano de Nicky Hopkins et les arrangements de cordes de John Paul Jones*. On a le droit de ne pas aimer, chez les Stones, cette veine “élizabethaine” qui nous avait donné auparavant “Ruby Tuesday” ou “Dandelion”, certains disant même que « ça ne fait pas partie des Stones ». Mais si ! Les Stones (ou n’importe quel artiste) sont un bloc dont on ne peut détacher la moindre parcelle. J’ajouterais deux choses : Brian, au Mellotron, invente de très belles choses, et il s’agit d’une chanson d’amour ! oui, une chanson d’amour de la part de ces cinq garçons, les plus misogynes qui soient, et je peux vous dire qu’il n’y a pas beaucoup de chansons d’amour chez les Stones, de chansons respectueuses des femmes, qui célèbrent la féminité, comme elle doit être célébrée…

Ces paroles d’amour sont adressées par Mick à Marianne F.

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