C’est ma première chronique d’un titre de Nada Surf, mais je vous préviens, ce n’est pas la dernière, car j’adore ce groupe.
Cela dit, cette reprise de Coralie Clément, figure sur un album de reprises, le palindromique “If I Had A Hi-Fi”.
J’avoue : ce n’est peut-être pas le plus grand album de Nada Surf, mais ce titre chanté en français, est loin d’être indigne. Cela dit, c’est une bonne occasion de prendre un peu de hauteur et de vous livrer quelques réflexions sur cette question centrale du rock, c’est-à-dire le statut des reprises dans cette musique.
Je lisais en effet une critique de cet album de Nada Surf qui concluait que la seule place qu’il méritait était la poubelle ; motif : toutes les reprises de Matthew Caws et ses amis étaient inférieures à l’original. Doucement, les gars ! On n’est pas aux Jeux Olympiques ! On est dans le domaine du goût et de la subjectivité. Et la question des reprises est un peu plus complexe. En effet, certaines reprises se doivent d’imiter l’original, le plus fidèlement possible. Ce sera, par exemple, le souci d’un groupe amateur, qui satisfera bien plus son public en lui offrant à entendre des chansons immédiatement reconnaissables ; ou bien la performance d’Andy Partridge et Colin Moulding, reprenant, à l’intonation près, le “Strawberry Fields Forever” des Beatles*. Le critère étant la ressemblance, il est assez facile de hiérarchiser, en fonction de cette dernière qualité.
Mais, dans la grande majorité des cas, on demande à l’interprète de révéler sa propre sensibilité, en empruntant un médium créé par d’autres, ce qui peut donner un résultat très éloigné de l’original, mais qui sera à juger en fonctions de ses qualités propres, et plus du tout en ayant à l’esprit une quelconque ressemblance avec la version du créateur de la chanson. Attendrait-on de Miles Davis qu’il s’acharne à faire entendre Cyndi Lauper dans son interprétation de “Time After Time” ?
Attendrait-on de Ramon Pipin qu’il imite servilement les Beatles dans le très gay “I Want To Hold Your Hand” qui figure sur son 1er album de 1979 ?
C’est pour toutes ces raisons que je prétends que ce “Bye, Bye, Beauté” tient le coup, car c’est du pur Nada Surf, et c’est, en fin de compte, ce qu’on attend d’un disque de Nada Surf.

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*On trouve cette reprise sur Fuzzy Warbles, volume 3

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