Quelle sublime pochette ! Cette photo de Paul Simonon détruisant sa Precision Bass sur la scène du Palladium à New York*capte l’un des moments qui fait la grandeur du rock n’roll : le surgissement ponctuel et improvisé de quelque chose qui va au-delà de la simple représentation d’un spectacle musical, et qui met en scène un franchissement des limites lequel prend par surprise le musicien lui-même et lui fait accomplir un acte qui possède une valeur cathartique pour l’ensemble du public présent.
Cela dit, redescendons sur Terre. Ce troisième (double)-album des Clash, considéré comme la 8ème merveille du monde par pas mal de gens, me paraît grandement surestimé. J’avais, comme tout le monde en 1979, acheté ce vinyle dont la possession suffisait à vous rendre crédible auprès des copains (et des copines), mais je n’ai pas eu le courage de le réécouter. Je crois que (pour moi, en tout cas) c’est devenu inaudible, déjà que la 3ème face était inaudible quand le disque est sorti, alors, aujourd’hui…
The Clash est le groupe anglais emblématique de la fin des 70’s, et l’importance sociologique du groupe, son honnêteté incontestable, là où d’autres pensent d’abord à leur carrière, suffit à leur réserver une place de choix dans le cœur de certains amateurs. Mais pour ce qui est de la musique, permettez-moi de rigoler ; pour quelques bonnes chansons (dont “London Calling”), beaucoup de ratages et d’airs inintéressants. Cela dit, en cette dernière semaine de mon blog, je n’ai pas envie de me battre ou de me faire des ennemis supplémentaires. Repose en paix, Joe Strummer.
Oui, “London Calling”, première chanson de l’album, produit par Guy Stevens, et “single” inaugural, mérite largement d’être sauvé. La musique est probablement due à Mick Jones, et c’est Joe qui chante les paroles qu’il a écrites. Un rythme martial qui invite à l’émeute, et les quatre, bien soudés autour de Strummer, lequel crache les paroles où il est question de la police, des difficultés avec le management du groupe, des drogues, de l’accident nucléaire de Three Mile Island. Une chanson dans laquelle la colère n’est pas feinte, ce n’est pas si courant.
*La pochette, imaginée par Ray Lowry, utilise la photo prise par une groupie, Penny Smith ; et le lettrage est un clin d’œil au premier album d’Elvis Presley.
Cher OldClaude,
Tout d’abord, permettez-moi de m’enquérir de votre santé.
Je sais d’expérience que de dire de telles choses, aussi vraies et lucides soient-elles, sur ce groupe à la réputation démesurée, promet souvent bien des soucis d’ordre social, les intégristes de ce groupe n’hésitant pas à balancer de la condamnation à toute berzingue dès qu’on a l’audace de ne pas pratiquer la même idolâtrie qu’eux.
Donc, allez-vous bien ?
Si c’est oui, sachez que votre article fut une délicieuse lecture.
45 ans d’immunité chez les médias spécialisés, j’avoue que ce groupe a un talent immense. Quel dommage que ces experts n’écoutent pas les disques ! Ceux de ce brave groupe sont bons, certes, mais loin, tellement loin de la réputation qu’on continue de leur faire…
Petite anecdote ; il y a quelques années, Rock’n’Folk publie un appétissant hors-série sur le Post-Punk. Tous les grands noms de 77-82 sont évoqués (deux petites lignes pour Cure, ah ah ils sont drôles quand même), et au milieu de ce festival de créativité représenté par Talking Heads, Suicide, Magazine, PIL, XTC (meilleur groupe anglais pour moi), Wire, Joy Division et consorts, bref je ne vais pas tous les citer, ils trouvent le moyen d’en placer une sur les Clash, “le plus grand groupe de leur époque” ! Pauvre Stan Cuesta qui a rejoint les autres à l’hospice des rocks critiques gâteux…
Aussi, certains témoignages (d’époque) de leurs contemporains sont très sévères à leur encontre, et malheureusement, rien ne sonne faux ou jaloux dans leur commentaires. Colin Newman, Andy Partridge, Sting…peut-on sérieusement comparer la qualité artistique des quatre Clash réunis à n’importe lequel de ces trois lascars ? Oh, certains tenteront bien de nous en convaincre…
Bonne continuation à vous.
Bien cordialement,
V77
Cher Vince 77, je vais aussi bien que le permet mon âge, je vous remercie, et le peu de notoriété que mon blog a connu, a fait que j’ai pu échapper aux hordes déchaînées des fans de Clash. Mais je constate, en effet, à vous lire, qu’il est difficile de penser que Clash et, disons, XTC sont au firmament des groupes anglais de cette époque. C’est soit l’un, soit l’autre, et, pour moi, c’est, évidemment le groupe de Swindon. J’espère, d’ailleurs, que vous avez lu les nombreuses chroniques que j’ai consacrées à Partridge et sa bande : huit pour le seul Apple Venus volume 1 ! Quand je pense que, pour Spotify, ce disque ne figure même pas dans la maigre discographie qu’ils accordent à XTC ! Encore merci pour votre appréciation. Bien amicalement.
Je me permets de répondre à votre commentaire. Je l’assume également: j’aime bien les Clash mais modérément. Je reconnais leur importance dans le déroulement du post-punk et de l’histoire du rock tout court mais je n’incluerais ni London Calling, ni leur premier album dans mes 111 disques pour l’île déserte. Je préfère de très loin XTC, dont la musique n’a eu de cesse de se bonifier avec les années et qui me touche bien davantage.