On ne peut que s’incliner. Pour une fois qu’un groupe connaît un tel succès, sans faire aucune concession, quant à sa ligne artistique, il convient d’applaudir.
Le dernier exemple d’un groupe ayant su toucher le grand public, tout en imposant sa ligne musicale, ça a été Nirvana, avec “Nevermind”.
Suburban War, qui ouvre The Suburbs, 3ème album studio du groupe, est une merveille, soutenue par une lumineuse phrase de guitare. Toute la chanson tend vers un crescendo d’un lyrisme échevelé, qui fait d’Arcade Fire un héritier plausible des Anglais d’Echo And The Bunnymen, mais avec une ampleur instrumentale rendue possible par le nombre élevé d’instrumentistes, membres du groupe et collaborateurs (il convient de relever le nom d’Owen Pallett, parmi ces derniers). Je dois avouer que je n’ai jamais vu Arcade Fire sur scène, mais la formidable énergie, et la volonté d’aller le plus loin possible dans le don de soi, qui se dégage de l’écoute de ces plages, doit en faire l’une des plus merveilleuses machines de scène qu’on puisse imaginer.
La chanson rend bien compte de la nostalgie ressentie par Win Butler à l’évocation de ses années de jeunesse, dans la banlieue de Houston, et l’ensemble de The Suburbs trouve son unité et sa cohérence en déclinant cette idée tout au long des 16 chansons de ce chef-d’œuvre.
Une fois de plus se vérifie la règle qui veut qu’une chanson inoubliable soit issue d’un disque du même niveau. Dit comme ça, c’est assez logique, mais si ce qui reste d’industrie musicale s’était fait ce genre de réflexion, nous ne connaîtrions pas cette époque au cours de laquelle la pauvreté artistique gagne, chaque année, du terrain.

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