“The Motherlode” est d’abord sorti en single puis s’est retrouvé sur le premier album des Staves, l’impeccable “Dead & Born & Grown”.

The Staves sont trois sœurs, Emily, Jessica et Camilla Staveley-Taylor, qui ont grandi à Watford (Hertfordshire) à 30 km au nord-ouest de Londres, mais vous m’auriez dit qu’elles étaient originaires de Laurel Canyon, en Californie, je n’aurais pas trouvé ça idiot !

Car cet album, produit par Glyn Johns (Stones, Beatles, quand même !) et son fils Ethan Johns (Laura Marling) réalise l’intéressante hybridation entre le folk anglais traditionnel (les sœurs ont écouté Sandy Denny) et l’americana des grands espaces de l’ouest américain (Emmylou Harris, les Wailin’ Jennys, Joni Mitchell…).

“The Motherlode” en est une parfaite illustration.  Après une introduction à l’harmonium, la guitare de Jessica nous gratifie d’un picking sur lequel se pose la voix de Camilla, tandis qu’une percussion marque tous les temps. La basse arrive en même temps que les voix d’Emily et de Jessica qui fusionnent parfaitement avec celle de Camilla. Et je voudrais m’arrêter un instant sur cette magie particulière qui fait que, au-delà même des qualités individuelles des voix de tel ou telle, certains trios réalisent des ensembles dont l’harmonie surpasse ce qu’on pouvait légitimement attendre.

Je mets de côté les duos (Simon & Garfunkel, les Everly Brothers…), ayant surtout en tête, outre The Staves*, Crosby, Stills & Nash et The Wailin’ Jennys**. Les musicologues ou les physiciens spécialisés en acoustique auront sans doute des réponses plus pertinentes que les miennes, en disant, par exemple que les timbres individuels des interprètes possèdent une richesse, c’est-à-dire une complexité harmonique, peu commune, et que, de plus, leur fusion crée de nouvelles harmoniques, inédites, réalisant un nouvel agencement, particulièrement plaisant à l’oreille.

Certes ; mais je crois aussi qu’il existe chez certains chanteurs ou chanteuses, souvent (mais pas toujours) unis par des liens familiaux et donc par la longue habitude d’un travail commun, une forme particulière de communi(cati)on qui met en rapport des liens inconscients, dont la permanence et la solidité font le lit d’une élévation artistique pour laquelle je n’ai pas hésité, dans un paragraphe précédent, à utiliser le mot “magie”.

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*Je présume que vous aurez envie d’aller regarder une vidéo des Staves. Choisissez alors quelque chose qui a été filmé devant un public restreint. Les 3 sœurs y chantent quasiment sans micro, et c’est d’une qualité suprême..

**Il y en a bien d’autres : The Kingston Trio, Peter, Paul & Mary, Carl, Dennis et Brian Wilson, des Beach Boys, etc.

 

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