Je n’ai pas bien compris pourquoi cette chanson s’appelle “Baudelaire”, mais elle figure sur le troisième album de ce quatuor d’Austin (Tx), “Source Tags & Codes”. Je dois vous avouer que je connais très médiocrement le reste de l’œuvre de ces jeunes gens ; les amateurs de métal alternatif se jetteront là-dessus, bien évidemment.
Il faut reconnaître qu’il s’agit d’un morceau plutôt entraînant*, ainsi que tout l’album, d’ailleurs, et mes vieilles oreilles, parfois rétives à se laisser pénétrer par ce genre musical, y ont trouvé un plaisir auquel je ne m’attendais pas.
Le métal est, en effet, un genre musical mû par un sentiment très répandu chez les humains, la colère. Lorsque j’ai écouté ce disque pour la première fois, j’y ai tout de suite retrouvé cette ardeur juvénile, et ce ressentiment dirigé contre des cibles multiples.
Mais j’ai cru percevoir dans le chant de Conrad Keely bien d’autres choses ; je veux parler de mélancolie ; je veux parler d’espoir ; je veux parler de cet accordéon incongru et charmant qui termine “Another Morning Stoner”, de tous ces signes qui travaillent à faire de cette musique nihiliste, une musique de réparation, quelque chose qui vise à reconstruire, par-delà la colère légitime qui anime ces Américains confrontés à l’état actuel du monde, une Terre plus vivable et moins féroce.
En 1968, nous disions : “Sous les pavés, la plage…” et c’est un peu cet état d’esprit que j’ai cru percevoir à travers les hurlements, les guitares au papier de verre, la batterie dévastatrice.
Certains d’entre vous auront déjà appuyé sur la touche “stop” de leur lecteur. C’est dommage car, je vous assure, on entend aussi des conversations en arrière-fond, et des clochettes, dans cette musique.
_________________________________________________________
*J’avais vraiment envie d’employer cet adjectif qui évoque plutôt l’harmonie municipale d’Écouché (61) que les adeptes de la musique extrême. Et puis, je vous ai mis 2 liens vidéo, un “à point”, l’enregistrement studio, et un “saignant”, sur scène.
