Bien évidemment, je ne peux pas faire comme tout le monde ! Prenez Adore, l’album détesté, méprisé des Smashing Pumpkins. Eh bien, moi, j’adore Adore, et un peu pour la même raison qui m’a poussée à repêcher Skunk Anansie, un autre groupe, anglais celui-là, mais également catalogué “metal”, j’irais jusqu’à dire que ce quatrième album des SP est leur meilleur, et l’un des plus grands albums des 90’s.

Les Pumpkins étaient maintenant un trio, car le magnifique batteur qu’était Jimmy Chamberlin, alter ego musical de Corgan avait été viré pour consommation excessive de poudre blanche. Plus exactement, on peut dire que ce n’était même plus un trio, car D’Arcy n’avait jamais beaucoup pesé sur le son du groupe ; quant à James Iha, il n’avait rien écrit pour cet album, trop occupé à concevoir son propre album solo, et refusant d’habiter avec les autres dans la maison que Billy avait louée à Los Angeles.

Et donc, Adore est un album de Billy Corgan, lequel n’allait pas très fort, car il était en plein divorce, et sa mère ─ à qui au moins 3 chansons sont dédiées, dans ce disque ─ venait de disparaître, vaincue par le cancer.

L’enregistrement commence à Chicago, avec le batteur Matt Walker, et Brad Wood à la production. En fait, Billy Corgan se retrouve souvent seul en studio, Wood n’étant pas en phase avec les choix de Corgan.

Ce dernier décide donc de poursuivre l’enregistrement aux Sunset Sound Studios de Los Angeles, sans Walker, ni Wood.

C’est pour cette raison que le son de cet album est très différent de ceux qui l’ont précédé, les guitares distordues et la batterie apocalyptique laissant la place à des synthétiseurs, une drum-machine, une guitare acoustique et un piano.

Au total, cela donne un album très sombre, très triste, brumeux, onirique, intime, influencé par The Cure et le son des 80’s, s’imbibant d’une nostalgie qui, pour les raisons évoquées ci-dessus, reflétait parfaitement l’état d’esprit de Corgan.

“Blank Page” est le dernier morceau de l’album (si l’on excepte les 17 secondes de “17”). On y entend seulement Billy qui chante en s’accompagnant au piano, soutenu par l’orgue de Brad Wood. Si vous ne supportez pas la voix de Billy, vous êtes en droit de détester cette chanson, que je trouve, personnellement, très belle.

Pour la tournée qui a suivie, les SP étaient accompagnés par 2 percussionnistes (?) Stephen Hodges et Dan Morris, par l’excellent Kenny Aronoff à la batterie, et le non moins excellent Mike Garson, pianiste habituel de David Bowie. Ils avaient donné un concert sur les toits de la FNAC, à Paris, et c’est justement cette vidéo qui vient illustrer cette chronique…

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