Lorsque Crosby, Stills & Nash est arrivé dans les bacs, le retentissement qu’il a eu était dû, bien évidemment, à son exceptionnelle qualité artistique*, mais également au fait qu’il réunissait trois individus qui étaient déjà des célébrités plus ou moins importantes : David Crosby venait juste d’être éjecté des Byrds, Stephen Stills avait mis un terme à Buffalo Springfield, et l’Anglais Graham Nash avait connu une petite carrière avec les Hollies. Le trio s’était rencontré lors d’une soirée organisée par Joni Mitchell, dans sa maison de Laurel Canyon ; Stephen et David se connaissaient depuis quelques temps, et John Sebastian (The Lovin’ Spoonful) leur disait qu’il leur fallait trouver une voix aigüe pour compléter leur formation. C’est alors qu’arriva Mama Cass (The Mamas & The Papas) flanquée de Graham Nash. Les deux Américains demandèrent à l’Anglais d’harmoniser autour de la mélodie d'”Helplessly Hoping”, et ce fut le miracle ! Mais Stills était inquiet ; les Hollies venaient de sortir un petit hit, et personne n’était prêt à parier que Graham pouvait laisser tout tomber en Angleterre (y compris son épouse) pour une nouvelle vie à Los Angeles avec un groupe, encore en formation ! Ce que personne ne savait, c’est que Nash était amoureux de Joni Mitchell, et que sa décision de changer de vie devenait, de ce fait, beaucoup plus facile à prendre…

C’est encore à Stephen Stills, superbe chanteur, guitariste hors pair, que l’on doit  “Helplessly Hoping”. Il ne faudrait pas, à ce propos, se raconter trop d’histoires ; Stephen Stills, dans le groupe, était le patron ; son caractère, son orgueil, mais aussi ses dons multiples conduisirent David et Graham à accepter un rôle un peu subalterne, au nom du potentiel que tout le monde reconnaissait à leur association. En tout cas, ce qui est certain, c’est que leurs trois voix s’accordaient à merveille, et que, comme prévu par Sebastian, la voix très aigüe de Nash complétait idéalement les tessitures des deux autres, ce que démontre à l’envi ce “Helplessly Hoping”, sorti, un peu plus tard en “single”, en face B de “Marrakesh Express” et symbolisant plus qu’aucune autre l’ambiance du mythique Laurel Canyon de la fin des 60’s.

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