On n’écrit pas un blog sans quelques principes ou règles dont le respect est la condition même de l’achèvement d’un travail de ce type. En d’autres termes, vous savez que j’ai commencé par construire une liste de mes chansons préférées, et cette construction, vous vous en doutez bien, n’a pas débuté en 1962*, mais plutôt avec l’arrivée de ces logiciels, au début de ce siècle, qui nous promettaient la fabrication simple de ces fameuses “playlists” dont j’ai écrit quelque part qu’elles avaient contribué à tuer la musique et ceux qui la créent.

C’est donc de cette façon que, petit à petit, j’ai élaboré cette liste d’environ 900 chansons que je vous fais partager de semaine en semaine.

Et ma règle est que, même si certaines de ces chansons sont devenues pour moi “inaudibles”, je m’oblige tout de même à leur consacrer une chronique, ne serait-ce que pour m’interroger sur la variabilité ─ ou l’absence de variabilité ─ de mes goûts. J’ai déjà donné, par le passé, quelques exemples de ces chansons, devenues “embarrassantes”, et je n’y reviendrai pas, mais il se trouve, qu’en réécoutant Antony, ou plutôt Anohni née Antony Hegarty, musicienne britannique travaillant aux États-Unis, je me suis demandé ce qui avait bien pu faire accéder “Hope There’s Someone” au Panthéon de mes chansons favorites.

Il est vrai que cette voix, surgie, pour moi, en 2005 avec l’album I Am A Bird Now,  qui s’ouvre avec cette chanson, est, pour le moins, particulière, épousant parfaitement la situation transgenre d’Antony, homme et femme en même temps, ne renonçant à rien de ce qui lui paraît constitutif de son identité. Je salue et respecte ce combat, et mes réserves ne me semblent pas liées à cet aspect sociologique, mais tiennent uniquement à son expression artistique. Pour le dire abruptement, ce qui me paraissait, en 2005, singulier et touchant, m’apparaît, en 2017, redondant et maniéré. I Am A Bird Now n’est pas un mauvais album, loin de là ; les chansons sont bien écrites, intéressantes. C’est plutôt la façon de chanter d’Antony, dont la voix s’installe dans un lamento qui, s’il accroche l’oreille et la sensibilité lorsqu’il s’agit d’une seule chanson, parvient à (me) lasser lorsque s’enchaînent les unes à la suite des autres les 10 chansons qui composent cet album. En résumé, je vous conseille très chaleureusement l’écoute de “Hope There’s Someone”, vous y prendrez certainement du plaisir ; mais les œuvres complètes d’Anohni risquent de vous conduire à l’indigestion.

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*date de parution de la première chanson chroniquée, “The Loco-Motion“.

 

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