Si vous vous souvenez bien*, j’avais commencé tout doux avec Skunk Anansie. Pour un groupe étiqueté metal hardcore, la bluette folk de la semaine dernière a dû faire se lever quelques sourcils. Amis des tatouages et du cuir noir, je ne vais pas faire mieux avec ce nouveau morceau de Stoosh, puisque la redoutable Skin se fait accompagner par un ─ vrai ! ─ quatuor à cordes dans ce “Infidelity”, qui a néanmoins connu un considérable succès, y compris (mais, tout est relatif) dans notre pays.

Je vous avais avoué que je n’écoute plus beaucoup Skunk Anansie, mais j’ai été à nouveau très agréablement surpris par ce qui se dégage de ce morceau et que je pourrais résumer d’un mot : authenticité. En effet, ce groupe issu d’une banlieue londonienne défavorisée, dont la moitié des membres sont des immigrés, ne se plie à aucun des diktats que les petites chapelles du rock dur ont édictés**. Skunk Anansie fait ce qui lui plaît, et tout ne se résume pas à des guitares électriques fracassantes. Skin a envie de chanter enveloppée d’un écrin de cordes un peu dégoulinantes, et elle le fait crânement. Elle a raison, et elle chanterait un paso-doble, eh bien, ça ne me gênerait pas, parce que ça voudrait dire que c’est ce qui lui plaît. Cela dit, la démarche est risquée pour deux raisons : la première est que l’on se coupe d’un public ─ celui du premier album, Paranoid & Sunburnt ─ qui représentait le cœur des admirateurs de SA, et on peut penser que certains métalleux à longue crinière ont pu être un peu décontenancés par les violons ; la seconde, plus dangereuse, est que Skunk Anansie, à force de mélanger des styles assez différents, voire opposés, a dilué son propos, l’a affadi, et a semblé ne plus savoir où il allait ; le troisième album sera, en effet, d’un niveau inférieur, et le groupe se séparera peu de temps après. En tout cas, je reste fidèle à ce que j’ai aimé, il y a 20 ans, et il n’y a aucune ironie de ma part à vous conseiller de jeter plus qu’une oreille distraite aux deux premiers albums de Skunk Anansie***.

*Voir ma chronique de “Pickin On Me”.

**Je trouve assez plaisante cette allitération de consonnes vélaires.

***Ceux que la dépense effraie pourront se contenter de la compilation Smashes-Trashes (2009).

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