Ah ! Mes chers Fountains Of Wayne ! Mais, dites-moi, qui d’autre que Chris Collingwood (chanteur principal, guitare rythmique) et Adam Schlesinger* (basse, claviers, chant) sont capables d’écrire des chansons aussi justes, des petites tranches de vie aussi réalistes, des choses aussi mignonnes, qui tapent en plein dans le mille ?

Avant même d’écouter la chanson, “Michael And Heather At The Baggage Claim”, allez lire les paroles et cette adorable réponse finale qu’Heather fait à Michael, après toutes les tribulations par lesquelles ils viennent de passer.

Le quatuor (Jody Porter à la guitare solo, Brian Young à la batterie) livrait, avec Traffic And Weather son cinquième** et avant-dernier album.

Ils commençaient probablement à être fatigués, fatigués par les critiques qui, tout en exprimant leur admiration pour la justesse des paroles, se plaignaient que la musique ne fût pas nouvelle.

J’écoute donc à nouveau, 11 ans plus tard, l’intégralité de Traffic And Weather, et, certes, je suis obligé de constater que la qualité musicale est un cran en dessous de Welcome Intersate Managers*** qui était un très grand album. Mais un cran en dessous, c’est plusieurs étages au dessus de la majorité de ce qui se diffuse de nos jours (ou même en 2007) sous le nom de “musique”, et j’enrage quand je lis ici ou là que le principal reproche adressé à FOW c’est que ce n’est pas nouveau.

Voilà l’alpha et l’oméga de la critique musicale : peu importe que ce soit bien écrit, bien arrangé, bien joué, bien chanté ; si ça n’est pas nouveau, c’est à mettre au rebut. En Art, encore plus que dans les autres domaines de ce qu’on appelle “la civilisation occidentale” (n’oubliez pas les guillemets), le passé, la tradition, sont des mots dont il convient de se méfier. Dehors ! ceux qui se rattachent à une histoire, dehors ! ceux qui viennent nous parler de chansons vieilles de 50 ans (ou même 10 ans), dehors ! ceux qui ne sont pas dans le mouvement du siècle, ou plutôt dans sa vaine agitation, dehors ! ceux qui ont de la mémoire ! Il se pourrait qu’ils aient aussi un goût qui les protège de ce qu’on veut à tout prix leur faire gober, sous le prétexte de la nouveauté, alors qu’il s’agit simplement de faire tourner la machine à cash.

Je perds un peu mon sang-froid, et j’espère que vous me le pardonnerez, mais je suis un peu triste que Fountains Of Wayne, l’une des rares voix originales, authentiques, de la musique américaine, ait été obligé de se saborder après Sky Full Of Holes (2011), leur album suivant, lequel n’a pas eu plus de succès que ce Traffic And Weather, précieux, indispensable, et pas à la mode.

*Rectification : la chanson est signée par le seul Adam.

**Rectification : quatrième puisque le double-album précédent était une compilation. Produit par Adam Schlesinger.

***Voir ma chronique d'”Hackensack” et tout ce que j’ai pu écrire sur FOW.

Print Friendly, PDF & Email