Cinq mois avant que les Beatles ne mettent sur le marché “Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band”, objet, un demi-siècle plus tard, d’une admiration, certes méritée, mais parfois exagérée, un petit groupe américain de New York a sorti cette chanson qui ne ressemblait à rien de ce qui existait alors dans la pop*.
Il faut dire que Michael Brown, le compositeur de cette exquise miniature n’avait d’yeux que pour la petite amie de Tom Finn, son bassiste, l’adorable Renée Fladen, au point de ne pas pouvoir jouer de son piano lorsque Renée apparaissait ! On ne s’étonnera pas trop que Michael ait quitté le groupe peu de temps après ! La chanson est chantée par Steve Martin Caro, qui arrivait tout droit de Madrid, et le batteur s’appelait George Cameron.
“Pretty Ballerina” est une merveille de sophistication fragile, une porcelaine transparente ; la partie instrumentale fait intervenir un quatuor à cordes et un hautbois. Grâces en soient rendues au papa de Michael Brown, Harry Lookofsky, musicien, propriétaire du studio d’enregistrement, et tout indiqué pour devenir le producteur du groupe du fiston.
Je dois dire qu’en 1966, à Paris, personne n’a entendu parler de The Left Banke, et j’ai découvert le groupe à la faveur de la parution, en 1992, de la compilation “There’s Gonna Be A Storm”. C’est ainsi que je suis en mesure de vous dire que la très jolie Renée a également inspiré à ce pauvre Michael la très connue “Walk Away, Renée”, ainsi que “She May Call You Up Tonight”. Je vous reparlerai de The Left Banke.

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*Alors que la plupart des chansons pop de l’époque étaient écrites dans les modes majeur et mineur, “Pretty Ballerina” mêle savamment les modes lydien et mixolydien…

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