J’avais déjà évoqué*le fait que les Smashing Pumpkins étaient un groupe d’une grande complexité, et qu’on ne pouvait certainement pas le réduire à ses évidentes influences “hard-rock” (Judas Priest, Black Sabbath). J’irais plus loin en prétendant que toute tentative pour poser une étiquette sur la musique des Smashing Pumpkins est vouée à l’échec, tant ils s’ingénient à ne pas se laisser enfermer dans une catégorie prédéterminée. Je ne veux pas dire pour autant que Corgan et ses amis s’approprient un style, puis un autre, mais qu’ils créent, à partir de toutes leurs influences, ─ The Cure et Bauhaus étant également des influences majeures ─ quelque chose d’original, de singulier qui n’appartient qu’à eux, et qui, d’ailleurs, 20 ans plus tard, n’a pas d’héritier.

Qui d’autre, en effet, parmi les groupes un tant soit peu “bruyants” aurait pu enregistrer ce “Stumbleine”, quasiment transparent ? Juste Corgan avec une guitare acoustique, sa voix qui miaule et murmure, au bord de la rupture. Il ne chante pas, il geint ; et personne ne ferait ça mieux que lui, car c’est exactement comme ça qu’il faut interpréter cette supplique à une petite amie. Les “chanteurs à voix” qui exhibent leurs amygdales sur les plateaux de télévision et déploient leurs tessitures de quatre octaves comme un militaire, ses décorations, s’esclafferaient en entendant le filet de voix de Billy Corgan. Mais celui-ci met tout le monde au tapis. Corgan est unique.

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*Voir mes chroniques d'”Untitled” et de “Bullet With Butterfly Wings”.

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