Jeunes gens, il faut imaginer l’irruption de Roxy Music dans le paysage musical de 1972 !

Car, comme vous le savez, Roxy Music, c’était également un style. Et ce style tranchait impitoyablement avec la dégaine des amateurs de musique pop de l’époque. Souvenez vous : les jeunes à cheveux longs étaient, en général, vêtus de hardes informes, blue-jeans “pattes d’eph” et vestes des surplus de l’US Army, décorées d’inscriptions diverses.

C’est la raison pour laquelle lorsque, le 26 novembre 1972, avec les autres spectateurs du Bataclan, j’ai vu arriver sur scène ces six musiciens, vêtus de costumes chatoyants, maquillés, adeptes d’une théâtralité et d’une esthétique qui nous paraissaient, à cette époque, pas simplement étrangères, mais parfaitement incongrues, j’ai eu un moment de perplexité.

Mais je faisais partie des enthousiastes, de ceux qui avaient succombé aux charmes du premier album de Roxy Music, qui avaient fait le succès de “Virginia Plain”*.

“Virginia Plain”, qui ne ressemblait à rien de ce qui définissait, jusqu’à ce jour, un single de pop music. Écrite par Bryan Ferry, produite par Pete Sinfield, la chanson commence par une partie instrumentale piano/synthétiseur, que le mixage met très en arrière ; le volume augmente brusquement, quand s’imposent la batterie et la voix affectée de Bryan, ainsi que des instruments que l’on n’entendait pas beaucoup dans le rock, à cette époque, comme le synthétiseur d’Eno, ou le saxophone d’Andy Mackay. La fin de chaque couplet est marquée par un arrêt instrumental, qui laisse la seule voix de Bryan le conclure, parodiant ainsi les codes du rockabilly, et jetant, de ce fait, un pont virtuel vers la musique qui se pratiquait 15 ans plus tôt.

Quant à la fin de la chanson, elle est aussi étrange, puisque les derniers mots prononcés par Bryan, «What’s her name? Virginia Plain » sont également la première fois qu’est indiqué le titre de la chanson !

Phil Manzanera, le guitariste, a toujours dit avoir improvisé, sur l’instant, son chorus de guitare. Et je ne serais pas complet si je ne mentionnais pas la qualité de la frappe martiale du batteur, Paul Thompson, ainsi que la basse de Rik Kenton.

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*Je rappelle que “Virginia Plain” ne figurait pas sur la première édition du premier album, “Roxy Music”.

 

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