J’ai, jusqu’ici, consacré quatre chroniques* à Robert Wyatt ; mais on ne consacre jamais trop d’attention à cet homme. En tout cas, au milieu de cette décennie, Wyatt traverse une mauvaise passe. On n’entend plus beaucoup parler de lui, même s’il est devenu l’un des porte-paroles du Parti Communiste Anglais. Cloué sur son fauteuil roulant, il n’en reste pas moins un des acteurs essentiels de la vie politique et culturelle britannique.

Il va le démontrer en élaborant, seul, son quatrième album : “Old Rottenhat”. Il y chante, joue de la basse, quelques percussions, les claviers. Il y chante, il y dénonce la détresse du monde, sans jamais élever la voix, et sa parole n’en est que plus puissante.

Seul ? Pas tout à fait, puisque sa femme est là. Alfreda Benge. Alfie. Sa muse, celle qui est toujours à ses côtés, et d’abord, celle qui est responsable du dessin de la pochette d'”Old Rottenhat” ; et celle dont il est question dans cette chanson qui ferme l’album, “P. L. A.” , Poor Little Alfie.

Les paroles sont d’une simplicité enfantine : « PLA essayant de dessiner, PLA essayant de dormir ». C’est tout ; et c’est poignant.

D’autant plus que Robert, avec sa voix unique et ses instruments-jouets nous enveloppe ce texte dans la plus belle berceuse qui ait jamais été écrite. Voilà. Il n’est pas nécessaire d’écrire un mot de plus ; il suffit d’écouter.

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*”Moon In June“, “At Last I Am Free“, “Shipbuilding” et “O Caroline” (Matching Mole).

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