On dit de cette chanson que c’est la reprise la plus extraordinaire de toute l’histoire de la pop, surpassant sans peine la version de son créateur.

Le créateur en question c’est Bob Dylan, se remettant, à Woodstock, de son accident de moto de juillet 1966, en écrivant les chansons de son disque John Wesley Harding.

En tout cas, Jimi entend la chanson, à Londres, pendant une “party”, et annonce immédiatement qu’il veut l’enregistrer.

Les premières sessions ont lieu à l’Olympic Studios de Londres, avec, évidemment, Eddie Kramer comme ingénieur. Chas Chandler produit. Au début, c’est un morceau acoustique. Jimi joue sur une 6-cordes acoustique, Mitch Mitchell est à la batterie, et Dave Mason, en rupture de Traffic, complète le trio avec une 12-cordes acoustique. Quant à Noel Redding, il boude au café d’en face, ce qui fait que les premières prises ne comportent pas de basse. Mason tiendra ensuite la basse, après être venu à bout, non sans mal, de sa partie de 12-cordes. On verra s’échouer dans le studio le Rolling Stone Brian Jones, devenu à peu près incapable de faire quoi que ce soit. Il essaiera, en vain, de jouer du piano, et réussira seulement à utiliser un vibraslap (qu’on entend au début du morceau) avant de s’endormir sur la moquette.

Le mix réalisé sur le 4-pistes londonien par Kramer et Chandler ne plait pas à Jimi qui décide d’aller passer l’été au Record Plant de New York, où on travaille en 12-pistes. Eddie Kramer en profite pour s’installer à New York, et Jimi prend totalement le contrôle des opérations en permettant que le studio soit toujours rempli de musiciens avec lesquels il organise de longues jam-sessions. C’est de cette façon que sera élaboré, par exemple, “Voodoo Chile”. Chas Chandler ne supporte pas ce qu’il considère comme étant de l’anarchie, de la désorganisation et une grosse perte de temps, et il rompt professionnellement avec Jimi. Redding abandonne quasiment la partie, ce qui fait que la basse qu’on entend sur “All Along The Watchtower” est jouée par Jimi. Ce dernier multiplie également les pistes de guitare, (il y a quatre chorus de guitare dans AATW) puis enregistre sa voix, avec toujours les mêmes précautions pour qu’on ne le voie pas chanter.

Le single sortira environ 1 mois avant Electric Ladyland et sera le seul succès de Jimi aux USA.

Quant à Dylan, il mettra AATW à son répertoire de scène à partir des mid-70’s, et cette chanson deviendra celle qu’il interprètera le plus souvent en public. Et il le fera avec un arrangement tout à fait inspiré de Hendrix rendant ainsi hommage à celui qui avait su faire de sa chanson l’une des plus grandes re-créations musicales qui soient.

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