Grands dieux ! qu’est-ce que c’est que ça ? Ça, c’est l’un des trucs (je n’ose pas dire chanson) que j’ai le plus écouté en 1996. D’abord, parce qu’en 1996, j’étais encore en âge de danser, et il n’y avait rien de mieux que ce “big beat”, cette “drum & bass” qui annonçait les “raves” illégales qui allaient fleurir un peu partout. Et puis, pour moi, il y avait une ligne droite qui partait des Sex Pistols de 1977, pour aboutir directement à The Prodigy ; et ça me rappelait ma jeunesse, évidemment, ou tout du moins, un temps où je me croyais encore jeune.

Donc, ce truc a été un succès incroyable. Vingt millions d’exemplaires vendus du 3ème album de The Prodigy, The Fat Of The Land. Mais c’est pas la peine d’écouter quoi que ce soit, il faut juste regarder le clip, avec le volume à fond…et éloigner les enfants, parce que ça peut leur faire peur.

Dans ce bout de métro londonien désaffecté, vous voyez la gueule de Keith Flint, et vous avez probablement un moment de recul, puis vous l’entendez chanter (?) avec cet incroyable accent cockney, et cette grosse caisse sonore, qui marque le premier temps, et celui-là, seulement, et qui vient vous prendre au niveau de la ceinture.

Ce type n’avait jamais rien écrit de sa vie, en particulier à l’école, et là, il pond les 9 lignes de texte de “Firestarter” qui était censé, au départ, être un instrumental. Et il vous les balance comme ça, alors qu’il n’avait jamais rien chanté auparavant. C’est violent, quand même, et ce clip a été banni par les médias bien-pensants. Mais c’est fascinant, et, sans mentir, je trouve ces images ex-tra-or-di-naires. Composée par Liam Howlett, le clavier du groupe, avec l’aide de Kim Deal, des Breeders, la musique de “Firestarter” amalgame deux (ou trois) “samples” : la boucle de guitare wah-wah est samplée à partir de “S.O.S.” des Breeders (sur Last Splash), le hey-hey-hey est samplé sur un titre d’Art Of Noise, et la batterie sur je ne sais plus quoi (quoique, si, je sais, mais je vous le dirai à la fin). On s’en fiche, on revient, encore et encore à ce clip fabuleux, avec Liam qui regarde Flint faire son punk, Leeroy Thornhill, l’autre danseur du groupe, qui ne fait que passer.

Ah oui, alors, cette batterie ? En 1969, ─ quoi ? 69 ? Rien n’existait en 69 ! ─ un groupe soul de Washington DC, The Winstons, sortait un single, “Amen, Brother”, avec 6 secondes de batterie qui ont été samplés par au moins 1 500 groupes, dont the Prodigy pour “Firestarter”.

Et pendant que vous continuez à regarder en boucle ce clip fascinant, avec notre homme Flint, ses piercings, son sweat-shirt, sa dégaine, ses cheveux (!!) laissez-moi vous poser une question.

Vous savez que, de nos jours, surtout aux USA, les gens adorent qu’on joue de la musique pendant leurs funérailles. Quelle musique, selon vous ? Le morceau qui vient en premier, c’est, vous l’auriez deviné, “Celebration” par Kool & The Gang ; en second, c’est, bien sûr, notre “Firestarter”, idéal pour les crémations ; la médaille de bronze est attribuée au “Highway To Hell” d’AC/DC (excellent choix, qui met à l’abri des surprises), et enfin, la quatrième permet à Queen de mettre en avant “Another One Bites The Dust”. De biens meilleures façons de partir qu’avec Andrea Bocelli, vous ne trouvez-pas ?

Eh bien, à la fin de cette chronique, vous êtes beaucoup plus savant et informé qu’avant, et n’est-ce pas là l’essentiel ? Boum-tac-tac-tac-boum-tac-tac-tac-boum…

 

 

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