En 1972, il était temps pour Stevie Wonder de prendre son destin en mains. Il venait de faire une tournée avec les Rolling Stones qui l’avait fait connaître du grand public. Il était majeur et avait la possibilité de renégocier son contrat avec Motown, de façon à ce que la maison de disques ne formate pas trop son travail, suivant les directives très rigides imposées à la plupart des artistes maison. Stevie voulait un son moderne, et il travaillait avec deux producteurs qui savaient programmer les synthétiseurs. Il manquait un “hit”.

Jeff Beck et lui enregistraient dans deux studios différents d’Electric Lady, à New York, et Stevie pénétra dans le studio occupé par Jeff, alors que ce dernier, seul, s’amusait à faire tourner un motif de batterie. Ils travaillèrent un peu autour de ce motif, et Jeff trouva aussi le riff principal. Stevie termina le morceau et se dépêcha de l’enregistrer*.

“Talking Book” est quand même le 15ème album studio de Stevie, qui avait eu 22 ans, cette année-là, qui avait été pris sous contrat par Motown à l’âge de 11 ans, et qui avait sorti “Fingertips”, son premier “hit-single” à l’âge de 13 ans !

Stevie, en studio, s’est occupé de jouer du Moog Basse, de la batterie, et surtout de ce Hohner Clavinet qui est vraiment la signature sonore caractéristique de “Superstition”. Et il y a, bien sûr, cet incroyable riff à la trompette (Steve Madaio) et au saxophone (Trevor Laurence) qui relance la machine avec une implacable efficacité.

“Talking Book” est le premier chapitre de la trilogie magique de Stevie Wonder (“Innervisions” et “Fulfillingness’ First Finale”). Allez, on va rajouter “Music Of My Mind” et “Songs In The Key Of Life”. Si vous n’avez pas ces cinq albums, c’est que vous n’aimez pas la musique.

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*Jeff Beck l’enregistra l’année suivante sur son unique album avec Tim Bogert et Carmine Appice. Très bien, mais, bon, que voulez-vous…

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