Vous savez à quel point j’adore Dan Carney, tête pensante d’Astronauts*, nom sous lequel il publiait cette année son deuxième album, End Codes.

L’album avait été précédé d’un “single” parfaitement addictif, “Civil Engineer”. La recette est simple, mais, comme toutes les choses simples, elle nécessite qu’on y infuse un peu de génie, afin que le “simple” ne dérive pas vers le “facile”, et justement, l’ingrédient-miracle est au rendez-vous, ce qui n’est pas pour nous étonner, s’agissant de Dan Carney.

Ce mélange organique si doux et profond que Dan sait, comme nul autre, créer, est fait de guitares boisées et souvent jouées en open-chords, de petits claviers électroniques délivrant des sons qui n’ont aucune autre ambition que de vous envelopper dans une ouate légère, d’une basse et d’une batterie suffisamment bien élevées pour rester sagement dans leur coin, et surtout d’harmonies vocales qui ne nous jouent pas le feu d’artifice, mais plutôt la crème chantilly. Tout cela nous enveloppe dans un nuage blanc, chaud et protecteur, qui joue sur la répétitivité, sans jamais nous confronter à l’ennuyeux. Ce petit miracle est obtenu par la grâce de subtiles variations qui petit à petit construisent la chanson, la font avancer, et lui donnent une épaisseur qui n’est en aucune façon contradictoire avec la légèreté revendiquée.

Ce “Civil Engineer” dure un peu plus de 4 minutes, mais il pourrait atteindre une durée bien plus imposante, tant ce balancement hypnotique, ce hamac musical, est propice à la perte de toute notion temporelle. Dan Carney est un magicien, un joueur-de-flûte-de-Hamelin que je suivrais jusqu’au bout du monde, porté par ses mélopées qui ne s’arrêtent jamais.

*Voir mes chroniques “Hollow Ponds” et “Think On (2003).

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