“Runaways” ouvre le 5 ème album de XTC, “English Settlement”, l’album de la fin de la new-wave et de l’accession du groupe à un positionnement plus “classique”, plus apaisé. Mais en fait, tout a commencé par des achats. Colin s’est acheté une nouvelle basse “fretless” en remplacement de sa vieille Danelectro. Andy a demandé à Dave de lui choisir une belle guitare acoustique et est donc devenu propriétaire d’une Martin D-35. Mais c’est Dave qui a touché le gros lot en s’offrant une magnifique 12-cordes électrique Rickenbacker 360, noire.

L’enregistrement s’est fait en octobre 81, au Manor Studio, sous la direction d’Hugh Padgham.

Il s’agit d’une composition de Colin Moulding, et c’est également lui qui chante, qui joue de la fretless bass, du mini-Korg, du piano.

Andy a emprunté la Rickenbacker de Dave, joue aussi de la 6-cordes électrique, s’occupe des sons de cuivres sur le mini-Korg, fait les chœurs avec Colin.

Dave est très occupé avec le Prophet-V.

Terry bat, très bien, comme d’habitude, en pensant à sa fiancée australienne.

Le disque sort, sous la forme d’un double album en février 1982. Et là, amis français, il faut quand même que je vous rappelle notre frustration quand nous nous sommes aperçus, en allant chez notre disquaire,*que nous n’avions droit qu’à un seul 33 t (il manquait, en effet, “Leisure”, “It’s Nearly Africa”, “Knuckle Down”, Fly On The Wall” et “Down In The Cockpit”). Donc, vive le cd (en particulier mon exemplaire Caroline Rec de 2001, très bien remasterisé) qui nous redonne l’intégralité du double LP ; mais zut pour le cd, car les livrets sont devenus parfaitement illisibles.

Revenons à “Runaways”, et j’ai envie de me pencher sur les paroles, car ce n’est pas une chanson d’amour, c’est une chanson à propos des fugueuses, et Colin semble avoir une dent contre certaines pratiques familiales : “Papa t’a frappé alors qu’il était en rogne, mais il est désolé, à présent” ; “Tu as aperçu Maman, courant après Papa avec un couteau” ; “Tu entendais des cris depuis la chaleur de ton lit”. C’est sûr, on comprend mieux les fugueuses après ça !

Bon. Et la musique, dans tout ça ? Somptueuse. La batterie et la basse sont mixés très en avant, mais le chant, les chœurs, restent d’une parfaite lisibilité. En revanche, les guitares, et en particulier la 12-cordes noire, entre les mains d’Andy, sont plutôt en retrait, sauf dans le pont instrumental, vers la fin du morceau, marqué par les quelques notes du piano de Colin.

En écoutant ce disque, en 1982, je me réjouissais d’assister, une nouvelle fois, à un concert de XTC**, en mars, au Palace. Je ne savais pas encore, personne ne savait que la tournée n’aurait que 9 dates…

 

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**voir ma chronique de “Tissue Tigers”

 

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