C’est, comme d’habitude pour toutes les chansons d’Apple Venus vol. 1, le livret d’Homespun, c’est-à-dire les maquettes des dites chansons, qui nous donne quelques indications d’Andy Partridge sur ce dont il s’agit.

Il s’agit, évidemment, d’une chanson de divorce, même si Andy nous affirme qu’il a essayé que ce ne soit pas le cas, mais il fallait qu’il expulse cette douleur, nous dit-il. D’ailleurs, il ne souhaitait pas qu’elle soit intégrée au disque, et seule l’insistance de Dave et Colin l’a fait changer d’avis.

Bon, vous connaissez un peu l’histoire : Partridge avait rencontré Erica Wexler aux USA, dès les années 80, et son épouse Marianne l’avait trompé avec un autre homme ; ça ne pouvait que mal finir.

Munis de ces quelques éléments biographiques, il est temps que vous alliez lire le texte de “Your Dictionary” que l’on trouve facilement sur Internet ; plutôt venimeux, Marianne a dû avoir du mal à le digérer. Après, bien sûr, il faut écouter la chanson, qui est, en elle-même, une grande réussite. On y distingue trois parties : dans la première, Andy chante, s’accompagnant à la guitare acoustique ; la deuxième partie voit arriver un piano et un violoncelle, puis un quatuor à cordes, qui viennent s’ajouter à la guitare ; quant à la dernière partie, elle survient sur les 4 derniers vers de la chanson, et est très particulière, au point qu’elle invite l’auditeur à s’interroger sur le sens qu’il convient de lui attribuer.

Le texte lui-même donne une indication, puisque la chanson se finit sur une invitation à tourner la page : « So let’s close the book and let the day begin And our marriage be undone », mais la musique qui accompagne cette exhortation est frappante, en ce sens qu’elle opère une complète rupture avec ce qui précède. Sur un rythme de “marche nuptiale” (osons l’expression), scandée par la basse de Colin qu’on n’avait pas encore entendue jusqu’à cet instant, Andy nous sert une sorte d’arrangement “beatlesien”, se terminant par une apothéose musicale indiquant clairement qu’il est temps de se réjouir, voire d’applaudir. C’est très curieux, et même un peu dérangeant, mais ça souligne bien la fonction cathartique de cette chanson. Les choses sont réglées, on n’y reviendra plus ; Andy Partridge, une fois de plus, a le dernier mot.

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