“Baba O’Riley” ! L’une des 3 meilleures chansons des Who. Autant dire, l’une des meilleures chansons qui existent*. Elle ouvre “Who’s Next”, et permet à Pete Townshend d’amalgamer ses deux obsessions du moment, Meher Baba, son gourou, et Terry Riley, référence de la musique répétitive.
Et en effet la boucle jouée (pas en concert) par Pete sur son Lowrey Berkshire Deluxe TBO-1 installe d’emblée une ambiance rarement entendue jusque là, dans le rock ; suivent les trois fameux power-chords de Pete, d’abord annoncés au piano et à la guitare acoustique, avant que John et Keith , puis Roger ne viennent donner à tout ça une certaine ampleur, sur laquelle Pete déchaînera les power-chords, mais en les moulinant sur sa guitare électrique. Puis suit le fameux refrain, chanté par Pete, et qui se termine par les mots “teenage wasteland”, répétés suffisamment souvent par Pete et par Roger pour que l’on pensât qu’il s’agissait du titre de la chanson.
Et s’invite, à la fin, le violon plutôt irlandais de Dave Arbus (d’East Of Eden), qui fait se terminer tout ça dans un tournoiement réjouissant.
Mais pour une chanson de ce calibre, c’est la scène qui nous apprend beaucoup de choses. On y apprend que le motif de clavier qui assure une partie de la rythmique de “Baba O’Riley” est assuré par une bande enregistrée, que le chorus de violon est plus ou moins bien rendu par l’harmonica de Daltrey, et surtout on a une démonstration très évidente de ce qui rend les Who uniques : là où il faudrait deux, voire trois guitaristes à n’importe quel autre groupe pour s’approcher un tant soit peu de la puissance délivrée par Townshend, celui-ci parvient à faire le boulot tout seul, enchaînant les accords et les solos, sans que l’énergie baisse un seul instant. Deux raisons à cela : la première, c’est que Pete Townshend est génial, bien sûr, mais la seconde c’est que la puissance de feu développée par les deux énergumènes que sont Keith Moon et John Entwistle est suffisante pour saturer tout l’espace sonore, et que même un ukulélé serait suffisant pour faire du hard-rock avec ces deux là, derrière.
Voilà pourquoi, comme j’ai pu l’écrire dans une chronique précédente**, aucun groupe n’a jamais pu approcher l’impact scénique des Who, et voilà également la raison pour laquelle depuis la mort de Keith, et a fortiori depuis celle de John, je ne suis jamais retourné à un concert des Who.
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*Même entame que celle de ma chronique de “Won’t Get Fooled Again”. Elle aurait pu également servir pour “My Generation”. Pourquoi changer quelque chose qui fonctionne et qui est tellement vrai ?
**voir ma chronique de “My Generation”.

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