Les paroles d'”Angel” sont celles d’une chanson d’amour. Pourtant, lorsque j’ai entendu, pour la première fois, ce titre qui ouvre Mezzanine, j’ai entendu de la musique qui m’évoquait bien plus la menace et la paranoïa que le marivaudage. Impression confirmée par le visionnage du clip qui montre Daddy G. sortant de sa voiture dans un parking souterrain, et se faisant suivre par des hommes, de plus en plus nombreux, parmi lesquels on reconnaît 3D et Mushroom, ainsi qu’Horace Andy.

C’est ce dernier qui chante “Angel”, tandis que les guitares, très présentes, sont assurées par Angelo Bruschini.

Massive Attack, qui a composé ce titre, a eu l’intelligence de laisser un rôle essentiel aux instruments traditionnels, guitare, donc, ainsi que basse et batterie.

La construction en est simple, basée sur un motif rythmique immuable exposé par la basse et la batterie, avant qu’Horace Andy n’intervienne, ouvrant la voie aux guitares.

Mais, comme je l’évoquais ci-dessus, “Angel” est aussi noir et inquiétant que les insectes qui ornent la pochette du cd, ainsi que le livret. C’est une musique sans ouverture, sans espoir, sans joie, la musique lucide de notre temps. C’était il y a 20 ans, au XXème siècle, mais il est probable que Mezzanine soit également la bande-son idéale pour notre XXIème siècle.

*Voir ma chronique de “Inertia Creeps”.

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