Quelle idée géniale de faire reprendre par Johnny Cash, ce tube de Depeche Mode, écrit et composé par Martin Gore et que l’on trouve sur leur album “Violator”(1990) !

Gore avait trouvé l’idée du titre dans les Mémoires de Priscilla Presley qui nommait ainsi son célèbre époux !

Pas d’électronique pour accompagner la voix grondante de Cash, mais les guitares de John Frusciante, membre des Red Hot Chili Peppers, et de Smokey Hormel, à la slide guitar. Et rien moins que Billy Preston au piano, qui a envie de faire savoir qu’il est là.

Si vous écoutez les deux versions de “Personal Jesus”, celle de Depeche Mode, et celle de Johnny Cash, il ne fait aucun doute que l’interprétation de Dave Gahan s’inspire totalement de l’idée de Madame Presley que le “Jesus ” en question est bien un être humain qui a le pouvoir de consoler, de pardonner, de réparer, etc.

Mais, plus subtilement, quand Gore et Gahan s’adressent à leurs fans, dans les immenses salles qui accueillent d’habitude leurs concerts, les “Personal Jesus”, ce sont eux, qui détiennent alors le pouvoir démiurgique de consoler ces adorateurs qui se pressent à leurs pieds.

Rien de tel chez Johnny Cash dont on rappelle qu’il a fait des études de théologie, et qui, dans ces mois qui ont précédé sa mort, ne manquait pas une occasion de proclamer sa foi : ce “Personal Jesus” est bien le Dieu des Chrétiens. À partir d’une chanson profane, Cash construit une œuvre pleine de religiosité, sans le second degré initié par les Anglais, et qui touche profondément.

J’ajouterais une autre remarque qui vise la qualité d’écriture de Martin Gore : quand une chanson peut être reprise dans un arrangement instrumental complètement différent, sans pour autant perdre son impact et sa séduction, c’est qu’elle possède des qualités intrinsèques qui ne peuvent pas se voir dénaturées, quel que soit le traitement qu’on lui fait subir* ; “Personal Jesus” est de cette trempe.

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*Mine de rien, cette dernière phrase est un petit conseil aux groupes de rock amateurs qui massacrent consciencieusement le répertoire des Rolling Stones ; « Massacrez Depeche Mode ! N’ayez pas peur, c’est assez puissant pour tenir le coup » !

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