Pour l’anecdote, je crois que ce fabuleux 4ème album solo de Peter Gabriel, sur lequel figure “San Jacinto” est probablement le tout premier compact disc que j’ai acheté. Avant même d’acquérir mon premier lecteur !

“San Jacinto” joue sur l’opposition entre la culture amérindienne traditionnelle et la destruction de leur cadre de vie. Du pur Peter Gabriel ! Alors que je n’avais pas été totalement convaincu par les 3 premiers albums solo de Peter, mis à part, bien sûr, quelques chansons d’exception, ce “4” a emporté totalement mon adhésion, et mon plaisir a été intact, en l’écoutant aujourd’hui.

Jerry Marotta (batterie), Tony Levin (stick), David Rhodes (guitares), John Ellis (guitare), Larry Fast (“cuivres” joués sur un Moog), et Madame Gabriel, aux chœurs, entourent un Peter Gabriel qui s’occupe de beaucoup de choses : batterie (au départ, Peter est batteur) d’appoint à celle de Marotta, programmation de la LinnDrum, les chœurs, à côté de son épouse, et la gestion de l’onéreux Fairlight CMI série II, qui nous permet d’entendre des sons divers et variés (marimba, verre, tuyau à air…), sans oublier sa voix, unique.

Mais tout ça est au service d’une chanson d’une puissance et d’une richesse émotionnelle incomparables, ainsi que vous pourrez vous-même en juger en allant regarder les formidables interprétations que Peter en donne, sur scène, en particulier sur le DVD de 1994, Secret World Live, dont on peut trouver un extrait sur YouTube.

Mais, là où je suis particulièrement heureux, c’est quand je m’aperçois que cet immense artiste arrive à faire mentir ce qui est devenu l’antienne de ma génération : “C’était mieux avant” !

Comme vous le savez, en effet, Peter Gabriel a sorti, en 2011, un album, “New Blood”, sur lequel figure une version de “San Jacinto” qui a la particularité, comme toutes les autres chansons, d’être accompagnée par un grand orchestre. Certains ne vont pas manquer de dire que l’inventivité et les trouvailles sonores restent du côté de la version de 1982, mais ne négligez pas la version de “New Blood” ; c’est une grande réussite, d’autant que Peter a eu l’intelligence de refuser toute concession à l’instrumentation “rock” (pas de basse, pas de batterie, pas de synthé, etc) et que cela ne dénature aucunement l’esprit même du morceau.

Pour en avoir le cœur net, j’ai essayé de chercher sur les plateformes vidéo un enregistrement public de “San Jacinto” avec grand orchestre, et j’ai trouvé une vidéo captée chez David Letterman. Cherchez. Regardez. Ecoutez. Peter a 61 ans. Il chante mieux que jamais, et ce n’est pas une figure de style ; cette interprétation est sans doute l’une des deux meilleures que je connaisse de “San Jacinto”. (cf. vidéo ci-dessus)

Le rock sied aux sexagénaires.

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