Cet album inaugural de Ron Sexsmith mérite vraiment plus qu’une mention*, et c’est la raison pour laquelle je voulais vous signaler cette très jolie chanson, qui ouvre le disque. On se rend compte, en écoutant “Secret Heart”, que Ron occupe, dans le paysage musical actuel, un créneau assez particulier, qui serait approximativement situé entre le folk-singer et le crooner. C’est très intéressant parce que cette place-là n’est pas revendiquée par beaucoup de chanteurs, et c’est l’une des choses qui rendent Ron Sexsmith unique. L’autre élément qui fait que Ron est indispensable, c’est, bien sûr, la qualité exceptionnelle de son écriture, laquelle suscite l’admiration de Paul Mc Cartney ou d’Elvis Costello. Je dirais que Ron ne court pas après la modernité, et qu’il incarne parfaitement un certain classicisme, même si certains d’entre vous ont du mal à se représenter ce que cela peut bien vouloir dire, dans ce contexte. J’entends par là un respect de la tradition, y compris au niveau de l’instrumentation, mais également au niveau de la production, Mitchell Froom étant toujours à la recherche d’un beau son, mettant en valeur chaque instrument, et son timbre propre.

C’est sans doute l’ensemble de ces qualités qui explique que Ron n’a pas connu un éclatant succès sur le marché mondial, y compris en 1995, lorsqu’on vendait encore des disques, mais c’est une question adjacente, dont j’aurai l’occasion de vous reparler, car je suis loin d’en avoir fini, avec Ron Sexsmith.

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*voir ma récente chronique de “Lebanon, Tennessee”.

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