Si on vous demande de citer une “pop-song parfaite”, vous avez, bien sûr, l’embarras du choix, mais vos goûts seront jugés très favorablement si vous répondez “Shine On”, là où la grande majorité des amateurs répondraient “Good Vibrations” ou un certain nombre d’autres chansons universellement connues.

J’ai daté cette chronique de 1987 pour une raison qui vous apparaîtra ultérieurement, mais c’est en 1990 que j’ai découvert “Shine On” sur le deuxième album de The House Of Love, très intelligemment titré The House Of Love, et sorti chez Fontana Records (celui avec un papillon sur la couverture). Guy Chadwick, le compositeur et chanteur de THOL ─ nom un peu ridicule, inspiré d’un roman d’Anaïs Nin ─ dit volontiers qu’avoir signé chez Fontana a été la pire erreur de sa vie. D’ailleurs lorsque l’album est sorti, le groupe initial n’existait plus, et, en particulier, leur jeune et brillant guitariste Terry Bickers avait été viré.

En tout cas, à cette époque, alors que les Smiths de Morrissey et Marr tenaient le haut du pavé, je ne jurais personnellement que par The House of Love, avec ces titres superbes qui jalonnaient cet album Fontana, “Hannah”, “Beatles and the Stones”, “Never”, “I Don’t Know Why I Love You”, “Blind”, et surtout “Shine On”.

Cependant, ne possédant aucun disque antérieur au “Fontana”, j’ignorais que la plus belle époque de The House Of Love correspondait à celle du premier album, également nommé The House Of Love, mais édité, lui, par la maison de disques d’Alan McGee, Creation Records. Il a fallu que j’attende 2001 et la sortie d’une compilation rassemblant tous les titres sortis chez Creation* (c’est-à-dire le premier album dans son intégralité plus les singles, dont “Shine On”) pour faire accéder The House Of Love, groupe talentueux, au piédestal peu encombré des groupes géniaux.

En 1987, The House Of Love rassemblait donc Guy Chadwick, Terry Bickers, Pete Evans, Chris Groothuizen, et une jeune femme, Andrea Heukamp, guitariste rythmique et chanteuse. C’est elle que l’on entend faire les chœurs dans le “Shine On” de 1987 produit par Tim Palmer**, et c’est l’une des raisons pour laquelle ce “Shine On” est de très loin supérieur à la version Fontana***. Chadwick dit volontiers que le départ d’Andrea signifia le début de la fin de The House Of Love. On veut bien le croire.

*The House Of Love 1986-88 The Creation Recordings, évidemment.

**Je précise que le “Shine On” de 1987 est sorti uniquement en single et ne figure pas sur le 1er album du groupe.

***Je possède également un petit ep promotionnel, édité par les Inrockuptibles, avec 4 titres enregistrés lors d’une “Black Session” de Bernard Lenoir, le 5 mai 1992, Blind, et qui renferme une version de “Shine On” en public.

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