Conscience professionnelle oblige, je suis allé fouiner sur Wikipedia afin de chercher quelques angles d’attaque inédits, propres à réveiller votre intérêt pour cet hymne beatnik (oui, en effet) archi-connu.

J’ai vite refermé la page devant l’accumulation de références politiques, sociales, sociologiques, j’en passe et des meilleures, alors que je ne suis qu’un bête auditeur qui ne s’intéresse qu’à la musique.

Et je dois dire que quand j’ai acheté, au printemps 65, mon exemplaire de “Bringing It All Back Home” (probablement mon Dylan préféré), j’ai trouvé cette chanson passionnante, et je n’ai pas changé d’avis.

N’oubliez pas, jeunes amis, qu’en 1965, Internet étant du domaine de la science-fiction, les textes du futur Prix Nobel de Littérature nous étaient inaccessibles, et puis, de toutes façons, qui y comprend quelque chose, même avec les paroles sous les yeux et une agrégation d’Anglais en poche ?

Passionnante parce que SHBlues me faisait sortir de mon anglocentrisme forcené (les Beatles, les Stones, Carnaby Street…) en ramenant le leadership aux USA. Il ne faut en effet pas oublier que, le 28 août 1964, dans une suite de l’hôtel Delmonico, à New York, les Beatles étaient venus rencontrer Bob, et, outre le fait que les Anglais s’étaient initiés, ce jour-là, à la marijuana, une sorte de “passage de témoin” entre les 5 hommes s’était opérée, un peu de Dylan venant irriguer les futurs textes des Beatles, et un peu de Beatles venant électrifier la musique et le discours de Monsieur Zimmerman.

C’est aussi le résultat de cette rencontre qu’on entend dans SHBlues, à part le fait, bien entendu, qu’on y entend un Bob conscient d’être au sommet du monde, inventant, par la même occasion, le rap, et imposant à tout l’Occident le règne glorieux d’une jeunesse ayant coupé les ponts avec les représentations, et probablement, les valeurs de l’ancien temps.

Pour le meilleur, sans doute, mais, si j’en juge à certains aspects de notre société de 2016, pour le pire, également…

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