On me reproche, à juste titre, de ne pas chroniquer les grandes chansons de soul music des années 60, les grandes heures de Stax/Volt ou de Motown. Mais, de toutes façons, dès que paraît une de mes chroniques, on me fait remarquer que je n’ai pas parlé de telle chanson du même disque, autrement plus réussie, ou de tel artiste, autrement plus important. Tout le monde a raison, mais, en même temps, comme je l’ai déjà dit, c’est 10 000 chansons qui seraient nécessaires pour avoir une vue moins partielle (et partiale) de la situation musicale. Alors, en ce qui concerne la soul des années 60, vous avez déjà pu constater qu’il s’agissait d’une musique que j’adore, mais dont il faut bien dire que je n’en connais que l’écume, c’est-à-dire les chansons que tout le monde ─ cette expression rassemblant tous ceux qui étaient jeunes pendant les années 60 ─ entendait autour de lui et qui étaient celles sur lesquelles on pouvait vraiment danser dans les clubs ou les boîtes de nuit.

Et il y en avait une, en particulier, qui déclenchait chez moi une irrésistible envie de me trémousser, dès que j’en entendais les premières mesures, c’était “Sweet Soul Music” d’Arthur Conley.

Il s’agit d’une chanson écrite par Conley et Otis Redding, mais l’honnêteté pousse à dire que ce n’est qu’un copié-collé d’une chanson de Sam Cooke, “Yeah Man” que l’on trouve sur un disque posthume de ce dernier, au point que “Sweet Soul Music” porte maintenant la signature de Cooke, à côté de celles d’Otis et de Conley.

Si vous écoutez un peu les paroles, il s’agit d’un hymne à la gloire des grands interprètes de la soul : The Miracles, Lou Rawls, Sam & Dave (qui firent une reprise de la chanson), Wilson Pickett, Otis Redding (on n’est jamais si bien servi…), sans oublier the king of them all, titre sous lequel on aura reconnu James Brown.

“Sweet Soul Music” a été maintes fois reprise, et plutôt très correctement. On prendra certainement du plaisir à écouter les versions de Sam & Dave, de Bruce Springsteen, de Rod Stewart, d’Ike & Tina Turner, j’en oublie sans doute beaucoup, mais Sam Cooke et Arthur Conley sont au dessus du lot.

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