Quoique n’étant pas exposé aux frimas de la “windy city” qu’évoque Donovan dans cette admirable chanson, je ne peux m’empêcher de frissonner à chaque fois que je l’entends.

Il s’agit encore d’un titre de “Fairytale”, le 2ème album de Donovan*, dont le caractère autobiographique ne fait aucun doute, dans la mesure où il cite, dans le premier couplet, le surnom de son ami de toujours, Gypsy Dave, avec lequel il a partagé une expérience de vie dans la rue, à Hatfield, au nord-ouest de Londres. Il rend hommage avec finesse et délicatesse à la sollicitude de son ami. Chaque refrain condamne, sans équivoque, ceux, les adultes sans doute, qui se permettent de les juger et de les condamner.

Car il ne faut pas oublier – et je m’adresse ici à ceux qui n’ont pas connu les 60’s – que cette époque où éclatait une revendication libertaire qui allait prendre figure, par exemple, dans le Paris de mai 1968, était marquée par une rigidité, une stigmatisation, une fermeture, une exclusion, qui touchait tous les domaines.**

C’est bien pour cela que cette chanson, qui devrait être “solaire”, qui est un hymne à la jeunesse, à la liberté, est empreinte d’une profonde mélancolie, d’une tristesse qui la met en dehors du champ des “protest-songs” qui fleurissaient de l’autre côté de l’Atlantique. Là où Dylan avait encore l’ambition de changer le monde, Donovan voulait juste “obtenir le Soleil”.

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*voir “Ballad Of A Crystal Man”.

**à cet égard, et par rapport aux luttes essentielles inaugurées au cours des 60’s, certains combats, menés de nos jours, sont manifestement des luttes d’arrière-garde. Il faut y voir, sans doute, une des causes de l’hostilité déployée contre la génération de l’après-guerre, qui, elle, a effectivement été à l’avant-garde de luttes indispensables (féminisme, antiracisme, discriminations sexuelles…).

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