Cette chanson m’a hanté pendant toute l’année 1994, et elle continue à le faire, à chaque fois que je l’entends.

Ce n’est pas seulement un jeu de mots facile, et trop évident pour quelque chose qui s’appelle “Ton Fantôme” (traduction personnelle), mais il y a dans cette chanson, qu’on trouve sur le premier album solo de Kristin Hersh, “Hips And Makers”, une tonalité qui m’évoque vraiment un monde disparu, magique, inaccessible, un peu maléfique, le monde des esprits, des fantômes et des ombres.

Est-ce la voix un peu voilée et traînante de Kristin ? Le son merveilleux de sa guitare Collings C-10 spécialement fabriquée pour elle ? Le sombre violoncelle qui enveloppe tout cela ou bien les ponctuations sourdes de la timbale ou celles du lointain tambourin ? C’est plutôt la voix du fantôme lui-même, la voix magique de Michael Stipe dont on dirait qu’elle pénètre celle de Kristin pour lui jeter un sort dont elle ne pourra jamais se défaire. Attention ! Cette chanson est dangereuse ; si vous n’y prenez garde, vous serez hantés, comme je le suis moi-même par cette spirale mélodique, harmonique, rythmique, qui nous entraîne de plus en plus profondément vers les abîmes de la mémoire, de l’oubli et des regrets.

En 2006, Kristin, avec son groupe, 50 Foot Wave, en a donné une version électrique beaucoup moins inoubliable.

 

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