Voilà qui n’est pas banal, mais mes fidèles lecteurs auront remarqué que j’ai déjà publié une chronique sous ce titre. La seule différence était qu’il s’agissait de la version en studio de cette admirable chanson, sur le premier album de Sun Kil Moon, Ghosts Of The Great Highway (2003), dont je vous disais déjà que j’en possédais sept versions différentes. Je voudrais simplement revenir sur l’une de ces versions, celle que l’on trouve sur Little Drummer Boy-Live, disque qui rassemble des chansons enregistrées lors de concerts américains ou européens, au cours desquels Mark n’est accompagné que par le guitariste Phil Carney.

J’évoquais, dans cette chronique, le “mystère” de cette chanson, lequel n’a d’égal que la fascination qu’elle exerce sur moi. Le fait d’interroger une version ultérieure, publique, et qui bénéficie d’une instrumentation moins riche, serait-il un bon moyen de lever un peu ce “mystère” ?

Quoi qu’il en soit, après avoir écouté ces sept versions dans un ordre chronologique plausible, il est intéressant de constater que Mark n’a de cesse de déstructurer la chanson, de la déconstruire, jusqu’à proposer, dans le plus récent enregistrement que je recense, (Live At Lincoln Hall-8 juillet 2011) une version dans laquelle le texte prend le pas sur la musique, ─ c’est le choix de l’artiste, mais j’ai le droit de le déplorer ─ et c’est la raison pour laquelle je reviens vers Little Drummer Boy.

Par rapport au premier état de “Carry Me Ohio”, le tempo est ralenti (cette version est la plus lente que je connaisse) et contribue à faire de cette chanson de désespoir une chanson de résignation, une lamentation là ou pointait la révolte, un lent abandon là où saignait la déchirure. Je ne saurais pas dire, dans cette opposition, quel est le terme que je privilégie, et je présume que la meilleure réponse est celle qui fait dépendre mon choix de l’état d’esprit du moment. Une seule et unique chanson pour tous les différents moments de sa vie, n’est-ce pas la meilleure solution à l’incertitude que nous ressentons lorsqu’il nous faut choisir, justement ? Surtout lorsqu’il s’agit d’un chef-d’œuvre comme “Carry Me Ohio”.

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