Jamais aucun succès pour les V.I.P.s. Celui-ci ─ qui restera modeste ─ n’adviendra que lorsque le groupe prendra le nom de Spooky Tooth, et c’est une histoire dont je vous dirai un mot, ultérieurement.

Ils venaient tous de Carlisle, pas loin de la frontière écossaise, et signent en 1964 un contrat avec le manager des Kinks, avant de décider d’aller chercher le succès à Londres, ou à un certain moment au Star Club de Hambourg, rendu célèbre par les Beatles.

C’est en 1966 que les choses commencent à bouger, au moment où le groupe signe un contrat avec Island Records et son patron, Chris Blackwell, et où arrivent deux membres essentiels, le guitariste Luther Grosvenor, en remplacement des guitaristes Jimmy Henshaw et Frank Kenyon, et le batteur Mike Kellie, sans même parler de Keith Emerson qui passa quelques mois avec eux avant d’aller fonder The Nice.

Le producteur Guy Stevens leur fait reprendre une chanson de Joe Tex, “I Wanna Be Free”, et, par miracle, le petit Français que j’étais eut la chance de voir paraître dans son pays, un mémorable EP comprenant, outre “I Wanna Be Free” et “Don’t Let It Go”, le fabuleux “Smokestack Lightning”.

Lorsque Jimi Hendrix débarqua à Londres en compagnie de Chas Chandler, le premier “bœuf” qu’il fit, ce fut en compagnie des V. I. P. s., mais ceux-ci déclinèrent l’offre de devenir l’orchestre de Jimi, et Noel et Mitch furent recrutés par Jimi.

Il y avait deux autres membres des V.I.P.s : le fondateur, Mike Harrison et le bassiste Greg Ridley. L’insuccès persistant fit que le groupe changea de nom et de style, pour s’appeler Art*, et verser dans le psychédélisme, puis, après avoir recruté un chanteur et claviériste américain, Gary Wright, changea une nouvelle fois de nom pour devenir Spooky Tooth.

Pourquoi s’attarder sur cette chanson inconnue d’un groupe inconnu ? Pour une simple raison qui vous paraîtra évidente quand vous entendrez “I Wanna Be Free” : la voix véritablement exceptionnelle de Mike Harrison, tout à fait au niveau des plus grands “blues shouters” de l’époque, des britanniques blancs qui avaient pour nom Eric Burdon, Paul Rodgers, Steve Winwood**, Terry Reid, Joe Cocker, Rod Stewart ou Robert Plant, et j’en oublie. Mais quand vous aurez entendu Mike Harrison, vous ne l’oublierez plus***.

Mes lecteurs attentifs auront remarqué que je reviens vers un titre de l’année 1966. Je l’avais omis de mon programme, car je n’en avais pas, jusqu’à hier, la disponibilité.

*Un album, Supernatural Fairy Tales, pas mal du tout d’ailleurs.

**On dit que c’est Steve Winwood qui joue de la guitare sur “I Wanna Be Free”, mais je vous donne cette information sous réserve de confirmation.

***Depuis l’écriture de cette chronique, j’ai appris le décès de Mike Harrison, le 25 mars 2018.

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