Les chansons chantées en français se comptant sur les doigts de la main, dans mon blog, ne ratez pas celle-ci, ma préférée de Jean-Louis Murat.
Je me suis beaucoup intéressé à Murat pendant la période au cours de laquelle sont parus les albums “Cheyenne Autumn” et “Le Manteau De Pluie” (1989-1991), et c’est justement dans ce dernier album que figure “Le Lien Défait”.
Il s’agit de la période que je pourrais qualifier de “pop anglaise”, avec des guitares électriques prédominantes. Il a, par la suite, suivi une voie dont je ne nie pas la qualité, Murat étant un artiste dont je salue l’intégrité, mais qui m’a sans doute moins intéressé.
Revenons à cette splendide chanson. Je ne m’attarderai pas très longtemps sur le texte, sa signification, car celle-ci m’a toujours paru assez obscure. Mais peu importe, car les mots choisis, les rimes, les sonorités des syllabes, les tournures d’un archaïsme voulu, s’adaptent parfaitement à la musique, et l’enrichissent.
Pour ceux que le sens tarabuste, je vous renvoie à un article de Flo Réal, que j’ai trouvé sur Internet (05/2014) et qui s’engage dans une analyse très fine et très pertinente du texte lui-même.
Revenons à la musique, qui suit un schéma assez classique, en ce sens qu’elle profite des possibilités de la guitare électrique (tenue par Murat lui-même), avec des accords joués piano, lesquels construisent une phrase musicale qui va se développer tout au long des 6 minutes de la chanson, pour se résoudre dans un forte où seront mises à contribution plusieurs guitares, avec des sons transformés par des effets divers (distorsion, phasing…). La batterie, dont il faut souligner qu’elle est tenue par Neil Conti, musicien attitré de Prefab Sprout, ce qui montre bien l’ancrage stylistique de Murat, arrive discrètement au 2ème couplet, et va suivre cette montée sonore d’une remarquable façon.
On pourrait croire que cette inflation instrumentale accompagne une inflation vocale parallèle. Il n’en est, heureusement, rien, et la voix de Murat, magnifiquement tenue et retenue, délivre une émotion sans pathos, toute au service de son texte et de la préciosité de ses quatrains, faisant de ce Lien Défait un des plus beaux poèmes musicaux de la chanson française.
