Vous vous souvenez, bien évidemment, du 3ème couplet de “River Man”*, chanson de Nick Drake que l’on trouve sur son album “Five Leaves Left” (1969) ? C’est exactement là que Stephen Duffy a trouvé le nom, et surtout l’inspiration pour le groupe qu’il a formé en 1987, The Lilac Time. Le groupe se dissout en 1991, sans jamais avoir connu le moindre succès (air connu), mais en ayant sorti quatre excellents albums.

Puis Stephen continuera une carrière diverse et variée, mais toujours de très bonne tenue et toujours largement ignorée, jusqu’à cet album de 2003**, “Keep Going”, et cette merveille qui y figure : “Oh God” (toujours largement ignorée, bien sûr).

Stephen s’y livre totalement ; il se souvient de ce mois de juillet 1975, des vêtements qu’il portait, de la musique qu’il écoutait, des drogues qui n’étaient vraiment pas faites pour lui, et de l’amour déçu qui pouvait lui briser le cœur. Ces souvenirs de jeunesse le conduisent à adresser cette supplication à Dieu, aussi actuelle en 2003 qu’elle pouvait l’être en 1975 : « Oh, God, give me something to believe in ».

Vous allez certainement penser que cette chanson autobiographique pourrait avoir été écrite par n’importe qui ayant vécu son adolescence pendant les années 70. Certes, mais c’est tout à l’honneur de Stephen Duffy de le faire avec cette honnêteté, cette délicatesse, cette pudeur, qui confèrent à son texte une universalité propre à lui donner un statut d’œuvre d’art. Sans compter qu’il y a la musique, une phrase simple et belle, à la guitare acoustique, s’imposant par son caractère immuable, ─ manière de signifier que rien ne change jamais ─ ne consentant à changer d’accord qu’au moment de cette adresse à Dieu poignante et probablement désespérée.

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*«Gonna see the river man

Gonna tell him all I can

About the plan

For lilac time »

**il a 43 ans.

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