Si l’on s’en tient au Red House Painters des années 90, je vous ai déjà parlé de deux chansons essentielles*. Il y en a bien d’autres.

Le quatrième album de RHP s’appelle “Ocean Beach”. Il semble moins sombre, moins austère, mais Mark Kozelek continue de s’y livrer avec une franchise, une vulnérabilité extrêmes.

“San Geronimo” est une plongée dans l’enfance de Mark, à San Francisco, mais je sais bien que ce qui vous intéresse, chers lecteurs francophones, au-delà de ce que raconte Kozelek, qui est, je vous le rappelle, le plus grand parolier américain, c’est la musique, celle des mots et des instruments. Et de ce côté là, on est servis. Je ne dirais pas qu’on va se mettre à pogoter sur “San Geronimo”, n’exagérons rien, mais, en tapotant sur mon clavier, tout en écoutant cette chanson, je me surprends à dodeliner de la tête et des épaules.

Car “San Geronimo”, qui doit beaucoup au travail du batteur, Anthony Koutsos, se singularise par ce motif de guitare, ces deux notes descendantes qui résonnent, et dont le retour obsessionnel est la marque du temps enfui. Il faut d’ailleurs signaler que ce sera la dernière apparition de Gorden Mack, le guitariste, qui quittera le groupe après ce disque.

Kozelek, dans les diverses incarnations de son travail en solo, après la fin de Red House Painters, reprendra souvent “San Geronimo”, mais, à mon avis, jamais avec la même force que dans ses jeunes années. Dans l’album “Find Me, Ruben Olivares”, par exemple, c’est la nostalgie qui prend le dessus, le ton est plus apaisé, mais vous me permettrez de préférer la rage qui anime ce “chant de destin” qu’est le “San Geronimo” des Red House Painters.

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*voir mes chroniques de “Uncle Joe” et “Down Colorful Hill”.

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