Je connais bien Teenage Fanclub. Vous avez pu lire sous ma plume qu’il s’agit de l’un de mes groupes préférés encore en activité, et je les ai souvent appréciés sur scène. Tout ça pour dire que je vais, pendant quelques semaines vous parler de leur 5ème album, “Grand Prix”, et ce ne sont pas moins de quatre chansons sur lesquelles je vais distiller quelques commentaires.

J’ai déjà eu l’occasion de vous dire que je n’étais, en général, pas d’accord avec la plupart des commentateurs, concernant la discographie de Teenage Fanclub.

Beaucoup d’amateurs ne jurent que par “Bandwagonesque”, leur 3ème album de 1991. “Bandwagonesque” est un disque important, qui renferme quelques superbes chansons, et qui montre qu’à cette époque, nos amis écoutaient HüskerDü, Sonic Youth… Pourquoi pas ? Mais dès l’album suivant, “Thirteen”, qui lui, est un disque raté, tout le monde, et TFC les premiers, a pu s’apercevoir qu’il s’agissait d’une impasse.

Arrive “Grand Prix”, qui correspond d’ailleurs au remplacement du batteur originel Brendan O’Hare par Paul Quinn. Et là, la plupart des commentateurs, y compris votre serviteur, sont d’accord, “Grand Prix” est le meilleur album de Teenage Fanclub.

“Grand Prix” est un album d’un classicisme assumé et parfaitement réalisé. TFC met ses pas dans ceux des anciens, lesquels ont pour nom les Byrds, Big Star et les Beach Boys. Et en 1995, croyez-moi, ce n’était pas une démarche majoritaire ; autant dire que ce n’était pas à la mode. Encore un mot sur la discographie des Écossais : les critiques considèrent que ce qui a suivi “Grand Prix” est d’une valeur inférieure, qu’il s’agit de tentatives plus ou moins réussies de refaire “Grand Prix”, d’autant qu’aujourd’hui, nos amis sont tous quinquagénaires, c’est-à-dire un peu trop âgés pour que l’on ne sourie pas en entendant le mot “teenage” !

Or, j’affirme que tout ce qui a suivi “Grand Prix” est d’une qualité au moins égale, sinon supérieure, compensant par l’expérience, la maturité et la sérénité ce qu’ils pouvaient perdre en flamboyance. Je vous en donnerai des exemples ultérieurement, mais revenons à “Grand Prix”, et à la première chanson dont je vais vous parler cette semaine, “Verisimilitude”, écrite et interprétée, sur disque comme sur scène par le guitariste soliste, Raymond McGinley.

La production, due à David Bianco, est claire, aérée, mettant tout de suite en valeur un son de guitare* qui deviendra la signature stylistique de TFC, un son “carillonnant”, venu des Byrds et de Big Star. La basse et la batterie sont également bien définies, ce qui permet à TFC de prendre une place éminente dans la cohorte des groupes qui ont contribué à bâtir le style powerpop. L’orgue qui accompagne le refrain semble venir tout droit de chez Elvis Costello.

Raymond chante ça avec sa voix limitée mais très personnelle et attachante ; et les paroles, qui évoquent le sentiment amoureux, sont loin d’être idiotes.

«I don’t need an attitude,

Rebellion is a platitude»

Eh bien, ça décrit assez justement l’attitude générale de Teenage Fanclub dans le paysage musical depuis une trentaine d’années, et je les aime aussi pour ça.

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*Norman joue sur Gibson Les Paul Custom et Raymond sur une Guild “Brian May”, avec amplificateurs Fender.

 

 

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