D’abord, il y a la voix de Billy Corgan. On l’adore ou on la déteste, et dans ce dernier cas, il est impossible d’aller plus loin. Moi, j’adore cette voix à propos de laquelle j’écrivais*─ et pardon de m’auto-citer ─ qu’il s’agit d’un « mélange harmonieux de la voix de Donald Duck, de celle de mon fils quand il avait 4 ans, et de celle de Mick Jagger quand il en avait 25 ».

Mellon Collie And The Infinite Sadness est le premier album des Smashing Pumpkins que j’ai acheté, car j’étais passé à côté de Gish et de Siamese Dream. Mais on ne pouvait plus passer à côté de ce double album, produit par Flood, Alan Moulder et Billy Corgan qui a été un succès gigantesque, avec des millions de ventes. Comme vous le savez, je m’intéresse peu aux ventes, mais il était impossible d’ignorer ces chansons qui permettaient aux Pumpkins d’occuper le trône laissé vacant par Nirvana. Et surtout celle-là, “Bullet With Butterfly Wings”. James Iha à la guitare et d’Arcy à la basse faisaient ce que Billy leur disait de faire, et plutôt bien, d’ailleurs. Quant au batteur, Jimmy Chamberlin, sa force de frappe pouvait soutenir la comparaison avec celle de Dave Grohl, chez Nirvana ; c’est dire à quel niveau le match se déroulait.

« The world is a vampire…» la voix de Billy est dédaigneuse et menaçante, les guitares commencent à construire le mur de son, lequel s’élève d’autant plus vite qu’il est hissé par la fabuleuse batterie de Jimmy qui libère, sur ses toms, une reptation dangereuse et sensuelle. Bientôt, les mots de Billy se trouvent scandés par la caisse claire, et l’apocalypse se déchaîne : « Despite all my rage I am still just a rat in a cage » et ça continue, ça recommence. On est sur des montagnes russes avec ces alternances de fureur et de menace latente ; ces hauts et ces bas sont l’image de la vie même, et c’est à ce moment-là qu’on se souvient que beaucoup de grands morceaux de rock sont ponctués de ces explosions de rage, épuisantes et stériles, dans la mesure où elles n’aboutissent jamais à modifier le cours des choses. Billy Corgan nous le dit explicitement, et, on a beau le savoir, c’est une joie sans égale de l’entendre jouer et chanter de cette façon. Inoubliable.

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*Voir ma chronique d'”Untitled”.

 

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