Tout d’abord, attention ! Si, comme moi, vous sortez de votre discothèque l’album britannique original, avec cette pochette, soyez discret. Vous pourriez, de nos jours, vous retrouver devant un tribunal correctionnel, j’exagère à peine.
Blind Faith fut sans doute l’un des premiers supergroupes, c’est-à-dire un quartet formé par des musiciens célèbres, issus de groupes célèbres, dans le but de former un ensemble dont la célébrité serait acquise, avant même de jouer la moindre note.
Il y avait tout d’abord le guitariste Eric Clapton, qui venait de quitter Cream*, rendu invivable par les dissensions entre Ginger Baker et Jack Bruce. Il y avait Ginger Baker, le batteur, tout content d’échapper à Jack Bruce. Il y avait Ric Grech à la basse, qui venait de planter Family en plein milieu d’une tournée, dans l’espoir de devenir célèbre, et il y avait la voix (et les claviers) de Stevie Winwood, en rupture de Traffic.
Avec tout ça on aurait pu croire que Blind Faith allait conquérir le monde, et, en effet, leur premier et unique album, Blind Faith, se vendit comme des petits pains, et leur concert d’Hyde Park rassembla une foule immense. Mais le problème s’appelait Eric Clapton. Comme Blind Faith avait un répertoire original assez limité, le groupe était obligé de farcir ses concerts de morceaux de Cream et de Traffic ; ça ne plaisait pas du tout à Monsieur Eric qui passait donc son temps avec un groupe qui assurait les premières parties de la tournée, Delaney & Bonnie. Blind Faith se sépara après seulement quatre mois d’existence.
Mais Blind Faith (et sa pochette sulfureuse) est un magnifique album, produit par Jimmy Miller, et ce “Can’t Find My Way Home”, écrit et chanté par Winwood en est l’un des sommets. Cette chanson demeure l’une des rares où l’on entend Eric Clapton jouer de la guitare acoustique**, et elle a été reprise par des dizaines d’artistes. Une des grandes chansons de cette fin des 60’s.
*Voir ma chronique de “Badge”.
**à ma connaissance, car je ne suis pas un grand spécialiste d’Eric Clapton.
Super