Depuis le premier instant où j’ai commencé à écrire au sujet d’April, album essentiel, central, de la discographie de Mark Kozelek, je savais quelle serait la chanson qui inaugurerait la promenade que je me préparais à suivre à travers cet album*. Depuis 10 ans, je connais également le nom de la seconde, “Harper Road”, et ce choix, aujourd’hui m’interroge, me laisse perplexe. Depuis plusieurs jours, April tourne sans cesse sur ma platine et me conforte dans l’idée qu’il s’agit là d’une œuvre majeure, pas seulement pour Sun Kil Moon, mais pour la musique de ce siècle. Quel rapport avec “Harper Road” ? Tout simplement ceci qu’il n’y a pas de mauvaises chansons sur April, mais il y a, à l’évidence, des œuvres importantes (y compris par la durée), écrasantes, impressionnantes, et “Harper Road” n’en fait pas partie. “Harper Road” est une très jolie chanson d’amour, sensible et intelligente ; Mark y est seul avec sa guitare ; c’est un enchantement. Mais les chansons d’April qui vous laissent sans voix sont celles dans lesquelles Mark laisse toute la place à ses partenaires dans Sun Kil Moon, Geoff Stanfield (basse) et Anthony Koutsos (batterie), sans compter les interventions vocales de Ben Gibbard (Death Cab For Cutie) ou Bonnie Prince Billy. Je veux parler de “Lost Verses”, “Tonight In Bilbao”, “Heron Blue”; et surtout de “Tonight The Sky”. Ce qui fait que j’évoquerai, la semaine prochaine, deux autres chansons d’April.

Quoi qu’il en soit, “Harper Road” est en effet un agréable rayon de soleil dans ce disque, April, dont vous aurez compris qu’il est entièrement rempli d’une sombre beauté dont il ne serait pas raisonnable de se passer.

*”Lucky Man”.

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