Normalement, si vous lisez ce qui suit, c’est que vous n’avez pas été totalement rebuté(e) par l’ambiance très “Corée du Nord” qui ressort de mes chroniques plus que laudatives concernant Sufjan Stevens. Tant mieux,  parce que ça ne va pas s’arrêter !

“Sleeping Bear, Sault Saint Marie” est donc la 11ème plage de “Michigan”* ; c’est aussi un lieu situé dans l’état du Michigan, à l’est de The Upper Peninsula, près de la frontière canadienne.

Sufjan joue de tous les instruments ; il compose, il écrit, il arrange, il produit. Un chanteur et une chanteuse, Elin et Megan Smith l’accompagnent dans les chœurs.

L’introduction est époustouflante, avec cet orgue à la tonalité liturgique, soudain réveillé par le cor anglais qui fait littéralement grimper la musique vers les cieux, où il est rejoint par un piano et par le banjo. Sufjan et ses amis commencent à chanter, alors que l’envolée musicale s’apaise. Puis doucement, comme une vague qui enfle avant de déferler, les instruments reviennent, recouvrant presque entièrement les voix, puis refluent. Ce ressac instrumental me fait comprendre, à moi qui ne suis jamais allé dans cette région des Grands Lacs, que c’est l’élément liquide qui commande, là-bas. La musique et le chant s’arrêtent, et il ne reste plus que le crissement régulier des insectes…

 

Entamons, pour terminer, une petite polémique : un certain nombre de critiques, lorsque a été publié l’album suivant de Sufjan Stevens, “Illinois”** (2005), ont osé écrire que “Michigan” n’était que le “brouillon” d'”Illinois”. Retenez-moi ou je fais un malheur ! Sans déflorer le sujet, laissez-moi vous dire qu'”Illinois” est un album extraordinaire, brillant, qui contient certaines des plus belles chansons que Sufjan a écrites, mais ce n’est pas la symphonie intime qu’il a consacré à l’État qui l’a vu naître, ce n’est pas cette ode aux forêts aux lacs et aux villes. Un brouillon ?! Que les sourds arrêtent d’écrire sur la musique !

__________________________________________________________________

*Oui, entre initiés nous désignons ce disque sous sa forme abrégée, “Michigan”. Le vrai titre figure dans ma chronique de “Holland”.

**Nom abrégé, évidemment ; vous avez compris comment ça fonctionne. Et, ne vous inquiétez pas, vous entendrez à nouveau parler d'”Illinois” ! D’autant qu’il y a eu un autre album entre “Michigan” et “Illinois” !

                                                                    

Print Friendly, PDF & Email