“Paint It Black”* a été enregistré pendant les séances d'”Aftermath” aux RCA Studios d’Hollywood, sous la direction d’Andrew Loog Oldham, assisté de Dave Hassinger, et est sorti en single, en Angleterre, le 7 mai 1966.

Aux USA, il est également sorti en single, mais a été aussi publié sur la version américaine d'”Aftermath”. Vous suivez ?

On sait que Wyman et Jones ont participé à l’écriture de ce titre**, mais ils ne sont pas crédités, preuve de la mainmise totale des deux “patrons” sur les Stones, et premier signe de la marginalisation de Brian Jones.

On ne peut, en revanche, retirer à Brian Jones le don qu’il avait de jouer de tous les instruments auxquels il se confrontait, un jour ou l’autre. Pour “Paint It Black”, il avait trouvé un sitar.

Contrairement à George Harrison qui en avait respectueusement étudié l’approche, en compagnie de Ravi Shankar***, Brian abordait l’instrument en autodidacte, en mettant de côté tout académisme, et je ne suis pas le seul à penser que ça fonctionne parfaitement bien, en ce qui concerne “Paint It Black”.

Si on avait écouté les patrons, Mick et Keith, “Paint It Black” aurait été un morceau plutôt soul, d’un médiocre intérêt, mais Bill Wyman s’est mis à farfouiller avec les poings sur le pédalier d’un orgue Hammond, Brian a imposé son sitar et Charlie a considérablement augmenté le tempo, ce qui a transformé la chanson en quelque chose de vaguement moyen-oriental, qui en a fait le succès.

Mick et Keith font les chœurs, Keith et Brian ajoutent les guitares acoustiques, Jack Nitzsche est au piano, et Bill, non content de marteler de ses poings ce pauvre pédalier, rajoute une piste de basse qui enrichira considérablement le son de “Paint It Black”.

Énorme succès, “Paint It Black” a souvent été joué sur scène, et vous en trouverez des versions “live”, par exemple sur “Flashpoint” (1991), ou sur le film “Shine A Light”, (concert au Beacon Theatre de New York, le 1 novembre 2006), tourné et dirigé par Martin Scorsese. Elle est sur le “Big Hits (High Tide And Green Grass)” anglais, mais pas sur l’américain, et, comme d’habitude, il faut se fier à l’indispensable compilation “The Rolling Stones Singles Collection : The London Years”, d’autant que c’est ici que figure la version de 3 minutes 45 secondes, et non pas celle de 3 minutes 24 secondes, la plus répandue.****

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*Sans virgule après It, s’il vous plaît. La virgule a été rajoutée par Andrew Loog Oldham, pour d’obscures raisons ; ça change totalement le sens, et ça a permis à des organisations afro-américaines d’accuser les Stones de racisme, comme si Black était une interjection qui s’adressait à eux !

**Quelques mois auparavant, le titre aurait été signé “Nanker-Phelge” qui désignait, à ce moment-là les chansons résultant de la collaboration des cinq musiciens.

***ce qu’on peut entendre sur “Norwegian Wood”, paru quelques mois plus tôt.

****mais qui est simplement une version tronquée, fabriquée pour l’album stéréo américain.

 

 

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