Pourquoi ai-je l’air d’attacher autant d’importance à Jet Plane And Oxbow, dernier album en date de Shearwater* ? Tout simplement parce que je pense que Shearwater est l’un des rares groupes actuels, susceptibles de nous permettre d’écouter une musique vivante et qui ne soit pas inféodée au rap, slam, hip-hop, et autres musiques urbaines. Entendons-nous bien ; je ne dédaigne ni ne méprise les musiques que je viens de citer ; je trouve simplement que leur impérialisme rend muets un certain nombre d’autres styles musicaux dont la pertinence est au moins aussi grande, à l’époque où nous sommes.

Et pourtant, pour un auditeur dont l’écoute serait superficielle, “Quiet Americans” est une chanson qui repose sur l’utilisation d’instruments électroniques, dans une veine pas trop éloignée de ces musiques urbaines que j’évoquais ci-dessus, et il est clair que la colère de Jonathan Meiburg**, pour se faire entendre, a endossé les habits les plus adaptés pour toucher le plus possible de gens. Les sonorités, très évocatrices des 80’s, font partie de cette stratégie. Shearwater ne se trahit pas pour autant et compose une mélodie impeccable, que Jonathan chante avec toute la puissance et le lyrisme dont il est capable. Malgré tout ça, il est plus que probable que vous n’ayez jamais entendu le moindre titre de Jet Plane And Oxbow à la radio. Ce monde n’est pas parfait.

*Voir ma chronique de “Pale Kings”.

**Il évoque, en parlant de ce disque, des “chansons protestataires”.

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