Les ados de 1991 m’attendent au tournant. Et ils ont raison, car “Smells..” est une chanson essentielle dans l’histoire du rock, et je n’ai pas intérêt à dire trop de conneries. D’ailleurs, je commence par vous renvoyer vers la page Wikipédia consacrée à cette chanson, et je vais aborder les choses par le biais de ma subjectivité, de mon vécu.

Je m’adresse aux jeunes, donc : vous aviez entre 18 et 20 ans en 1991, au pire, vous aviez l’âge de Kurt Cobain, 24 ans, et moi, le 3 juin de cette année-là, j’étais à l’Olympia, à Paris, au concert des Pixies, bien évidemment génial.

Pourquoi je vous dis ça ? Pour 2 raisons : d’abord pour vous prouver, s’il en était besoin, que mes oreilles de baby-boomer n’étaient pas rétives à accepter le son d’une modernité un peu abrasive délivré par Black Francis et sa horde, mais surtout parce que Cobain a dit, plus d’une fois, que sans les Pixies, Nirvana n’aurait pas existé, et “Nevermind” et “Smells…” non plus. Les Pixies nous apprenaient que l’époque était mûre pour Nirvana.

J’ai entendu “Smells..” pour la 1ère fois à la radio, et je me souviens m’être dit immédiatement que ce truc était grandiose, et j’étais certain que ça allait toucher le monde entier, avant même les “heavy rotations” sur MTV.

C’est vrai que cette chanson est extraordinaire, que la production de Butch Vig repousse les limites de ce qui se faisait jusque-là, que le mixage d’Andy Wallace est juste parfait, rendant justice à “l’überbatteur” qu’est Dave Grohl, à la voix et à la guitare de Kurt, à la basse de Novoselic, et surtout à cette mélodie évidente, à ces quatre power-chords dont on se demande pourquoi ils n’ont pas été joués plus tôt. D’ailleurs, le seul moyen d’être persuadé du fait qu’il s’agisse d’une composition unique est d’écouter certaines reprises de “Smells Like Teen Spirit”, celle de Tori Amos (“Parfaite pour avaler son bol de céréales, le matin”, ironisait Kurt Cobain), celle de Scala & Kolacny Brothers, qui nous montrent que “Smells…” tient le coup, quelle que soit la façon dont on l’orchestre, la chante ou la joue. Ce qui est le propre des chansons immortelles.

On se fiche, bien sûr, des paroles et de leur sens, suivant en cela Dave Grohl, dont on connaît l’intelligence, et qui se demandait comment on pouvait vouloir trouver du sens à quelque chose qui avait été écrit en 5 mn.

Et donc, pour conclure tout ça, le 24 juin 1992, j’étais au Zénith de Paris pour assister au concert de Nirvana. J’en garde un bon souvenir, pas aussi éblouissant qu’au Pixies, 1 an plus tôt, mais je sais qu’il a fallu attendre les rappels pour entendre “Smells Like Teen Spirit”.

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